1914, Buenos Aires : Jean Mordant triomphe au championnat du monde de lutte.

 

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Au même moment, à Ostende, sa fille se fait agresser et violer par des soldats allemands. Ivre de douleur et de rage d’en découdre, le champion s’enrôle dans ce qui reste de l’armée belge… Inspiré de la très réelle aventure d’une unité d’automitrailleuses qui, partie combattre sur le front russe et surprise par la Révolution d’Octobre, traversera toute l’Asie et l’Amérique du Nord pour enfin regagner la Belgique bien après la fin de la guerre, ce long-métrage du Flamand Jan Bultheel s’inscrit d’emblée dans la lignée de Valse avec Bachir d’Ari Filman (2009) ou d’Alois Nebel de Tomás Lunák (2012), loin des clichés enfantins trop souvent associés au cinéma d’animation. Résolument pour adultes, d’un graphisme flamboyant, entre hyper-réalisme et stylisation, Cafard prend également à contre-pied le genre guerrier : peu ou pas d’actions d’éclat pour ces « héros » piégés par la guerre, qui s’ennuient beaucoup et n’aspirent au fond qu’à rentrer chez eux. Sous un physique de brute, Jean Mordant se montre en réalité tout en délicatesse envers ceux qui l’entourent, que ce soit son entraîneur, son neveu, ou bien cette jeune infirmière russe rencontrée sur le front avec laquelle il pourra croire, un moment, refaire sa vie. Dans le flot semble-t-il inépuisable des parutions consacrées à la Grande Guerre, gageons donc que Cafard se distinguera encore bien après la fin des commémorations, tant par la singularité de son sujet que par sa profonde humanité.

Les plus volontaristes d’entre nous pourront en outre prolonger la séance en se référant au Tour du monde en guerre des auto-canons belges de Marcel Thiry (dernière édition Le grand miroir, 2003), qui fut de l’aventure avant de devenir l’un des plus grands écrivains belges du XXe siècle…

Yann Fastier