Miro Basinas aime les plantes. Bon, pas n’importe lesquelles.

 

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Génie de la botanique, il a réussi, à force de recherches et d’expérimentations, à fabriquer la meilleure weed de tous les temps, l’Elephant Crush. Son herbe est douce et sent la mangue. Avec elle, il gagne la Cannabis Cup d’Amsterdam. Son avenir s’annonce radieux. Il va pouvoir, de retour à LA,  alimenter le réseau de magasins dédiés à la vente légale de beuh pour raisons médicales.

Mais Miro est plus poète qu’homme d’affaires et n’avait pas mesuré les enjeux qui se cachent derrière ce commerce florissant. Les gangs avaient jusqu’alors la mainmise sur l’approvisionnement de toutes les drogues dans le coin et sont bien décidés à conserver ce monopole. S’ils peuvent, en plus, lui piquer son miracle de la nature… Et surtout, il n’avait pas compté sur Shamus Noriega pour contrecarrer ses plants.

Ode joyeusement irrévérencieuse à la louange du tabac qui fait rire, Défoncé est de ces romans rares qui se lisent en ricanant. Aucun temps mort, pas le temps de souffler, les feuilles se tournent au rythme infernal des embrouilles du gentil Miro. Les personnages secondaires sont dégommés avant qu’on ait le loisir de s’attacher, dans maintes circonstances rocambolesques. Heureusement, Shamus s’accroche. L’irlando-salvadorien, trop rouquin et teigneux pour intégrer un gang et qui a dû se constituer une troupe perso de bras cassés est tellement irrésistible de méchanceté qu’on finit par s’attacher. Ses comparses, dont Titi le bien nommé parce qu’il arbore un survêt jaune poussin, lui permettent de bonnes répliques cinglantes, quand il n’en a pas après les flics du district, désabusés, accro aux tacos ou aux godes ceintures.  Et un spécial big up au jeune mormon, désopilant à son corps défendant, qui arpente à vélo la cité du vice et se rend compte combien il est pénible de pédaler avec une bosse dans le pantalon.

Donc, jouissif, vous l’aurez compris. Doublé d’une critique acerbe et très fine d’un monde absurde où l’on gare le plus près possible son énorme bagnole de l’échoppe de produits bio et détox, où le crime est spectacle, où les flingues sont en vente libre alors que les joints non, et où il suffirait de légaliser le chichon pour stopper les trafics et avoir la paix.

Marianne Peyronnet