Les aventures désopilantes (mais pas que) du plus grand groupe de Fuck Métal (ben, c’est le seul).

 

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Deux pingouins sont sur la banquise. L’un dit: « Tiens, on dirait que tu portes un smoking. » L’autre répond : « Et qu’est-ce qui te dit que je n’en porte pas un ? »

Qu’est-ce qui te dit que pas ? ou Who says I’m not ? Pourquoi ne pas être un pingouin cannibale, ne pas fonder un groupe de Fuck Métal répondant au nom de Cannibal Penguin et ne pas monter sur scène ? C’est la question que s’est posée Yann Kerninon, futur (mais pas encore) chanteur-guitariste, un matin, dans sa trente-sixième année. Alors que chacun sait que Dieu est mort, que l’Homme est confronté à l’absurdité Radicale de la vie, au non-sens du monde contemporain, pourquoi ne pas conjurer le vide et l’angoisse en décidant de faire qu’il se passe quelque chose, soit réunir des pirates du vide pour se tenir chaud ?

L’odyssée raconte la genèse et les débuts du groupe. Car Cannibal Penguin n’est pas qu’un concept, c’est un vrai groupe avec de vraies compos. Et c’est un miracle qui a sauvé Yann Kerninon du suicide et du désastre.

Pour y parvenir, il lui a fallu, définir les 10 commandements du Fuck Métal (qui sont 11) :

1. Pour faire du Fuck métal, bois de la bière

2. Si tu sais bien jouer de ton instrument, ne fais pas du Fuck Métal

3. Si tu es nul, vas-y !!! Year ! Fuck Métal !

4. Adore les pingouins cannibales

5. Fais ce que tu veux

6. Fais n’importe quoi, mais fais-le bien…

7. Si tu fais des fausses notes, monte la disto et dis que c’est ça le Fuck Métal (cf. Kurt Cobain)

8. Si tu veux te suicider, prends plutôt une bière

9. Si tu veux toujours te suicider, compose une balade trash sur les pingouins cannibales.

10. Si tu crois que tu chantes trop aigu ou trop grave, dis que c’est comme ça que se chante le Fuck Métal.

11. Le Fuck Métal c’est toi !

Il lui a aussi fallu trouver des comparses capables de respecter ces préceptes et d’oser affronter le ridicule, se constituer un répertoire (« Love the wrong way » : slow sodomite ; « Anarchy in the UK » version zouk ; « La chenille » version Fuck Métal…), trouver la force de (faire) rire et y aller à fond, « jouer mal, jouer fort, jouer faux, mais le faire triomphalement, avec audace et style. »

Mais attention, Cannibal Penguin n’est pas (seulement) une farce de bouffons adeptes de la gaudriole. C’est un art de vivre, l’incarnation du punk et non plus son idolâtrie, une réponse au grand n’importe quoi qu’est le monde.  

Né aux débuts des 70’s, Yann Kerninon est un enfant du vide, de la fin des utopies. Pour se consoler, il a eu recours aux Sex Pistols, aux Monty Pythons et à la philosophie (il est prof de philo). Son récit est brillant et rare. Il y parle de Nietzsche, Bourdieu, Heidegger ou Camus. Il livre ses considérations profondes sur le sens de la vie, la place de l’art, l’attraction du suicide. Il sait faire rire et pleurer. Dandy, dada, magicien, cycliste, il a trouvé le remède au mal de vivre, il a réussi à conjurer le réel, la vieillesse et la fin de l’amour, il a fait un miracle : Cannibal Penguin.

Marianne Peyronnet