Oscillant entre émotion et performance d’acteurs, voici le dernier film d’Hong Khaou !

 

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Dans une maison de retraite anglaise, Junn une mère sino-cambodgienne pleure la mort accidentelle de son fils Kay. Sa solitude douloureuse est rompue lorsque Richard, le petit ami de Kay, tente d’entrer en contact avec elle. Par le biais d’une interprète chinoise, il va essayer d’évoquer le souvenir du défunt pour lui avouer finalement la nature réelle de leur relation. Film-conversation doux et délicat, « Lilting » est un petit bijou d’originalité qui aborde de front des sujets aussi sensibles que le deuil d’un enfant, le déracinement ou encore l’homosexualité. Il essaie surtout de résoudre une question qui fascine le réalisateur: « Qu’arrive t-il à un être lorsque son unique lien avec le monde extérieur est rompu ? ». C’est la tragédie que vit le personnage principal, Junn, immigrée à Londres depuis des années mais qui a toujours refusé d’apprendre à parler anglais. En suivant son mari dans l’espoir d’une vie meilleure, elle s’est vite retrouvée au bas de l’échelle sociale en Angleterre. Cette amertume, ajoutée à ses deuils consécutifs (son mari et son fils), en font un personnage hermétique et dur de prime abord. Pourtant, plongée dans sa solitude abyssale, elle est montrée par Hong Khaou de façon extrêmement touchante. Pas moins touchant est Richard, (Ben Whishaw), le personnage de l’ombre, l’amour caché du fils défunt qui osera se confronter à cette mère brisée. Flirtant avec la comédie, le film réussit, étonnamment, à être un exercice de style sur la difficulté des êtres à communiquer, sans jamais ennuyer une seconde le spectateur! Le décor rétro de la maison de retraite avec son style années 50, la musique kitch du karaoké qu’écoute la mère… tout concourt à créer une atmosphère unique qui n’est pas sans faire penser à l’esthétisme d’un Wong Kar Wai. Le réalisateur s’en défend mais qu’importe ! Son film porte en lui la beauté formelle des plus beaux films asiatiques tout en offrant un regard acéré sur la société britannique contemporaine. Et puis, quel bonheur de retrouver ici la « cultissime » actrice de « L’hirondelle d’or », Cheng Pei Pei dans le rôle de Junn et Ben Whishaw qui prouve, à chacun de ses films, qu’il sera sans nul doute un des grands comédiens de ce 21ème siècle !

Cécile Corsi