Céline marche. Elle fuit.
Elle traverse des champs désolés d’une campagne qui pourrait être n’importe où, des forêts sombres. Elle marche pour s’éloigner de son agresseur et de la peur de l’avoir tué. Elle marche jusqu’à l’épuisement. Jusqu’au village où habite Léopold, un vieux paysan veuf qui la recueille et qui semble reprendre goût à l’existence en sa compagnie. Ensemble, ils unissent leur solitude durant un répit enchanté mais bref. Le monde rural est un microcosme qui hait la nouveauté. D’autant que le ventre de Céline s’arrondit. Leur relation fait jaser, notamment leurs voisins, le rustre Maurice et son frère, le benêt Joss. La jalousie et l’incompréhension sont mauvaises conseillères. Céline doit reprendre la route. L’écrivain belge Patrick Delperdange fait une entrée remarquée dans la mythique Série noire. Il y distille avec finesse tous les ingrédients des grands romans noirs. Il y décrit avec force la mesquinerie des êtres qui s’ennuient, l’avidité des humains qui se sentent lésés, la misère sous toutes ses formes. Il y dépeint néanmoins, sublimées par ce contexte sinistre, la lumière de l’espoir d’un avenir, et la beauté de certaines rencontres.
Marianne Peyronnet