Une terrasse sur les toits de La Havane, au coucher du soleil,
cinq amis sont réunis pour fêter le retour de l’un d’entre eux, Amadeo, après 16 ans d’exil en Espagne. Jusqu’à l’aube, ils évoquent leur jeunesse, la bande d’amis qu’ils ont été…et leurs désillusions d’aujourd’hui. Un huit-clos filmé à Cuba en dix-sept jours, entre 4 hommes et 1 femme qu’une question taraude : pourquoi Amadeo est-il parti ? Ce départ a été vécu par ceux qui sont restés comme un abandon. La réponse d’Amadeo viendra clore le film. L’unité de lieu et de temps permet de resserrer une histoire à 5 personnages pris entre le passé et la situation actuelle de l’île. La vue magnifique sur le « Malecón » semble idyllique, la Havane, la mer, les plages mais les bruits de la nuit viennent rappeler les difficultés de survie de la population. La caméra au plus proche des protagonistes perçoit les émotions de chacun les rendant plus humains, plus attachants. Elle filme l’amitié et le désenchantement d’une génération née sous la révolution. Leonardo Padura, écrivain cubain co-auteur du scénario, traduit bien les frustrations, la peur qui l’a privée de liberté, de créativité et brisée tous ses rêves…des portraits de vie ratée. Ce n’est pas le retour d’Homère qu’évoque le réalisateur mais celui d’un exilé cubain de retour « chez lui », sur son île. Un film intime et touchant ! Laurent Cantet nous surprend à chaque film, après « Entre les murs », « Foxfire, confessions d’un gang de filles » il sonde les désillusions d’une génération sacrifiée sur l’une des plus belles îles des Caraïbes.
Paulette trouteaud-Alcaraz