Film culte du réalisateur japonais Seijun Suzuki, « La marque du tueur » a profondément influencé le cinéma de gangster contemporain.

 

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Une œuvre majeure de 1967 à découvrir… Le numéro 3 de l’Organisation se trouve chargé d’un contrat que le numéro 4 n’a pas réussi à mener à terme…Mais il devient lui aussi la cible de ses commanditaires après avoir échoué dans sa mission. Sa vie devient, dès lors, un jeu de cache-cache avec des ennemis invisibles dont le plus redouté est le numéro 1. Qui est-il ? Quand l’attaquera-t-il ? A bout de nerf, le gangster trouve refuge auprès de sa maîtresse…Quel objet étrange et insolite que ce film ! Oscillant en permanence entre humour décalé et poésie tragique, porté par une bande-son mélancolique, ce petit bijou s’est imposé comme une référence absolue du film noir. Entre fantasme et réalité, on y trouve abondance de trucages pop psychédéliques comme la scène de torture du numéro 2 (un régal visuel), de références cinématographiques (Hitchcock et les films de sabre) et de jeunes amazones sulfureuses et sensuelles qui mènent la danse. Cela ne vous fait-il pas penser furieusement à un certain réalisateur contemporain américain ? Vous avez deviné ? Le film se concentre sur le personnage du numéro 3 incarné par l’acteur fétiche du réalisateur, Joe Shishido, reconnaissable entre mille grâce à ses joues artificiellement gonflées. Le réalisateur symbolise les obsessions sexuelles de son gangster par des scènes incroyables comme ce mur de papillons cloués au mur ou la pluie torrentielle qui s’abat sur le personnage vénéneux de la femme fatale. Jusqu’à la chute finale sur un ring de boxe, théâtre  d’une dernière scène à l’ironie dévastatrice, le spectateur navigue en permanence entre gravité et humour, comme s’il ne savait réellement sur quel pied danser. Les genres cinématographiques se superposent en même temps que nous sommes confrontés à des ruptures de tons constantes, le tout livré avec une inventivité formelle avant-gardiste. Dans le désordre, on retrouve la femme fatale du film noir, le duel du western spaghetti, les corps à corps du film de sabre, la sensualité du film érotique…L’art de Suzuki est de nous bousculer en nous proposant une série de situations dans lesquelles il expérimente ses audaces visuelles les unes après les autres. Rien à voir avec ce que l’on avait l’habitude de voir dans le film noir. Depuis, « La marque du tueur » est toujours considéré comme une expérience limite par certains critiques en même temps qu’il est adoré par de nombreux cinéphiles.

Cécile Corsi