Les anime et le cinéma japonais nous les ont rendues familières mais jamais on ne les avait scrutées d’aussi près.

 

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Tokyo n’est pas seulement une mégalopole hérissée de buildings, une jungle de néon parcourue d’autoroutes à n voies : elle regorge également d’anciennes et minuscules boutiques, bien à l’abri d’un lacis de rues étroites où l’on chercherait en vain le moindre numéro. Expatrié au Japon, où il travaille dans le domaine de l’animation, l’illustrateur polonais Mateus Urbanowicz en est tombé amoureux au point de leur consacrer tout un livre. Boucherie Yamane, biscuiterie Kikumi, « Milk Hall » Sakae-Ya, pharmacie Kojima… c’est à l’encre de Chine et à l’aquarelle qu’il tire le portrait d’une cinquantaine de ces petits magasins, restaurants ou cafés. La plupart sont anciens, certains ont été démolis depuis, d’autres sont devenus des résidences privées mais tous ont leur petit caractère, un incontestable cachet qu’il ne faut surtout pas confondre avec le luxe. Car si quelques-unes de ces boutiques sont réputées, elles n’ont rien de bling-bling, au contraire, et c’est un détail trivial, parfois, ou qu’on pourrait juger de mauvais goût, qui aura tiré l’œil du dessinateur. Quoi qu’il en soit, la surface au sol étant mesurée, toutes s’étirent vers le haut selon des proportions qui facilitent la mise en page. Et c’est ainsi que, flattant notre goût pour les catalogues, elles défilent l’une après l’autre, vues de face et presque toujours en belle page, tel ou tel détail remarquable ou pittoresque étant repris en page de gauche et commenté en français et en japonais.

En fin de volume, Mateusz Urbanowicz consacre un chapitre à l’inventaire de son matériel et à sa méthode de travail. Ce making of en forme de retour sur soi n’était peut-être pas nécessaire et gâte un peu l’exercice, dont le plaisant exotisme se suffisait à lui-même.

Yann Fastier