A 28 ans, Billy Schine est un peu perdu.

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Après de brillantes études à Harvard, il s’est mis à errer gentiment de petits boulots alimentaires en rencontres hasardeuses. La vie est une chose étrange qu’il observe avec circonspection, pas complètement rassuré à l’idée d’y entrer de plein pied, un peu comme une flaque de liquide suspect qui vous barrerait le passage, et dans laquelle il faudrait quand même se résoudre à marcher, sans pouvoir savoir à quel point ça attaque les semelles.

Donc Billy Schine attend. Mais un événement va secouer un peu cette tranquille parenthèse. Son prêt étudiant, qu’il ne parvient pas à rembourser, vient d’atterrir dans les mains d’une société de recouvrement avec laquelle le premier contact épistolaire est assez féroce.

Alors, acculé, il va accepter de devenir cobaye pour une société pharmaceutique, et s’engager à tester un nouvel anxiolytique, afin de disparaître de la circulation, et accessoirement, de ramasser un peu d’argent. S’ensuit une plongée dans un monde clos, entouré de cobayes tous plus étranges les uns que les autres, qui ont tous été choisis pour leurs capacités physiques, mentales, sociales, qui sont à même de représenter le mieux la normalité.

Pendant quinze jours leur vie quasi-militaire va être réglée au millimètre, et Billy va observer ses coreligionnaires à loisir, comme on essaie de comprendre une espèce apparentée, et se poser beaucoup de questions sur lui-même, essayer de communiquer, de construire des relations, avec la maladresse si touchante de celui qui sait que le monde a tourné bride et que les valeurs qui nous construisent reposent sur du vent.

Billy Schine ne comprend pas vraiment à quoi sert le mensonge, mais il est poli. Il ne sait pas vraiment où le mènent ses désirs, mais il est pragmatique. Il ne veut surtout pas bouger d’ici, mais tout avance autour de lui. C’est ce décalage constant qui amène des dialogues savoureux, et un humour très fin, discret, qui se méfie de la franche rigolade et de la vulgarité, parce que Schine n’est jamais méprisant, sa fragilité ne permet jamais qu’il s’érige en juge, et finalement, tout ne va pas si mal.

Mais on n’a pas parlé des effets secondaires...

Lionel Bussière