Nous sommes au tout début du XIXème siècle, à Portland.

 

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Enrôlé de force sur un navire marchand, Jeff Pierce tente de s’échapper lors d’une halte, et tue par maladresse le capitaine qui s’interposait. Dès lors commence une fuite sans repos pour échapper au frère de celui-ci, tandis que s’insinue dans l’esprit du fuyard une fatalité dévorante qui le pousse à accepter sa propre mort comme la fin inéluctable de cette traque. Trempé, sans argent, usé par le froid de l’hiver qui s’installe, Jeff est aidé par une jeune femme elle aussi en fuite.

Jeff Pierce est un jeune homme venant d’une famille très pauvre, qui a appris à ses dépens que la vie ne fait jamais de cadeau. Ayant vécu seul depuis l’âge de douze ans, il a compris très tôt qu’il ne pourrait compter que sur lui-même, et s’est forgé au fil du temps une solitude à sa mesure. Il se méfie des autres, s’astreint naturellement à une exigeante droiture, et ne croit plus guère en la communauté des hommes. Sauvé par Diana, fuyant un mariage de convenance, le voici obligé, bien malgré lui, de former un couple des plus étrange avec cette jeune femme, fille de bonne famille au caractère affirmé, déterminée à ne pas vivre enfermée dans un couple bourgeois comme une poupée sous vitrine.

Voilà un couple improbable bien parti pour vivre une bluette sentimentale un peu défraîchie. C’est sans compter sur le talent d’Ernest Haycox, connu pour une œuvre considérable outre-manche, qui semble n’utiliser les idées reçues que pour mieux les faire mentir. Ainsi le faux couple va se réfugier dans le Montana, au sein d’une communauté d’orpailleurs décrite de façon quasi documentaire, et Haycox, en fin observateur de la nature humaine, va s’attacher à suivre ses personnages malmenés par la vie en découpant leurs émotions au scalpel, et faire émerger tout le dramatique de la relation de ce couple d’écorchés, constamment en discorde avec leurs sentiments, pénétrés du caractère inexorable de la violence, et semblant avoir retrouvé l’illusion de leur liberté dans la fuite, alors qu’à chaque instant le malheur les enlace.

Lionel Bussière