L’humanité se trouve regroupée tout entière dans une ville gigantesque où l’existence de tout un chacun se trouve subordonnée à son renom.
Alors qu’elle s’apprête à partir explorer le Grand vide entourant la ville avec son ami Ali, la jeune Manel Maher voit une homonyme, chanteuse à la mode, la priver de sa Présence. Ignorée de tous, elle périclite et frôle la mort quand un hasard la rend célèbre du jour au lendemain, jusqu’à devenir Immortelle, aux dépens de ses rêves et de ses amitiés. Lorsqu’elle réalise enfin être passée à côté de sa vie, elle part pour le Grand vide et, là où il est censé ne rien y avoir, découvre, effarée, qu’un autre monde était possible.
Premier album d’une jeune autrice et éditrice ayant étudié entre Shanghaï et Angoulême, Le grand vide frappe surtout par un style graphique d’une grande plasticité, rappelant un peu celui d’Emily Gleason (Ted, drôle de coco). Déformations expressives et perspectives vertigineuses concourent à un récit très dynamique et toujours lisible, ayant manifestement digéré les techniques narratives du manga sans en imiter les tics. Dystopie très contemporaine au temps du buzz, des selfies et des pouces en l’air, le Grand Vide pourrait bien n’être pas celui qu’on croit. Il restera en tout cas l’une des bonnes surprises d’une année qui n’en aura pas compté tant que ça.
Yann Fastier