C’est quoi, le punk ? Un style musical, un mouvement politique, une mode ?

 

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Est-il mort en 1979, tel que Crass le proclamait, pour n’être plus incarné aujourd’hui qu’à travers des caricatures ? Ses membres se contentent-ils aujourd’hui d’être « à chiens » ? S’est-on déjà vraiment penché sur les origines et caractéristiques d’un phénomène dont personne n’a une définition claire, et dont le nom, passé dans le langage courant, désigne aussi bien un esprit rebelle qu’un zonard ?

Si le punk a suscité l’intérêt des chercheurs dès son origine, son étude, fondée sur des témoignages « à chaud » manquait jusqu’alors du recul nécessaire à une vision objective. Les auteurs de Fun et mégaphones ont décortiqué la bête et en proposent, enfin, une analyse au sérieux tout universitaire. Ils en livrent pour la première fois un examen replaçant cette pratique culturelle collective dans son contexte politique et social, faisant du punk le prisme sous lequel comprendre les crises et les changements sociétaux à l’œuvre en ces fin 70’s-début 80’s.

Afin de déceler des dynamiques communes ou contraires entre les différentes scènes européennes, où il sévit partout, leur approche comparative s’est portée sur la Suisse, la France, la RFA et la RDA (la Grande-Bretagne étant volontairement exclue), se concentrant sur la période 1977-1982, à partir des nombreuses archives à leur disposition. Raboud et ses comparses ont choisi quatre pays au développement comparable, et 13 villes, où le punk fut très présent. A partir de nombreux témoignages de musiciens issus de cette mouvance, de collectes d’infos issues d’affiches ou de fanzines, ils se sont attelés à la tâche ardue de disséquer d’innombrables données afin d’en extirper des enseignements.

Concordances, différences, dues en partie à l’environnement politique ; évolutions, interactions, influences entre les multiples scènes et les divers mouvements sociaux ; radicalisation, émergence de nouveaux courants… tous les aspects sont passés au scalpel et parfaitement mis en perspective.

Alors, sont-ils parvenus à définir ce qu’est le punk ? Mouvantes, explosives, libertaires, les qualifications qui le caractérisent restent multiples. N’en demeure pas moins une spécificité intrinsèque du mouvement, originelle et immuable, « cette tension essentielle qui marque à la fois l’indéfectible plaisir auquel renvoie la posture punk (- le fun de la provoc et de la transgression) et la prise de conscience militante qui se manifeste au gré de combats dépassant le simple refus des codes de l’establishment pour s’ouvrir à une vision plus politique de la société et de la liberté - les mégaphones. »

Une chose est sûre, les punks ne sont pas des crétins à crêtes, ainsi que le prouve un ouvrage d’un tel niveau d’érudition. Punk is not Dumb donc, et Punk is not Dead non plus (comme en atteste le projet de recherche PIND qui s’attelle à restituer l’histoire de la scène punk en France, de 1976 à 2016, auquel participe activement Pierre Raboud).

Marianne Peyronnet