Nouvelle traduction de Putain d’Olivia, déjà proposée par la regrettée maison d’édition 13e Note en 2009,

 

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ce roman, initialement paru aux Etats-Unis en 2005, met en scène pour la première fois Max Zajack, personnage qui apparaîtra par la suite dans quatre autres romans et un recueil de nouvelles, devenant le centre de l’œuvre de SaFranko. Or Max, alter ego de Mark, est-il vraiment une figure fictionnelle ? Et Putain d’Olivia est-il un roman ou une autobiographie ? L’illusion est entretenue par la forme choisie, une narration construite à la première personne, racontée de l’intérieur, renforçant le sentiment de réel. De cette ambivalence, entre autre, naît la puissance du livre. Bien sûr, peu importe le degré de vérité qu’il contient. SaFranko écrit bien de la littérature, mais il prévient, ce qu’on va lire, on va le ressentir avec les tripes, sans distance apparente, on va tout prendre pour argent comptant, ça va faire mal, et c’est ça qui sera bon. Il faut un talent immense pour utiliser le prosaïsme du quotidien comme matériau primaire et façonner cette glaise en objet d’art. Et ici, l’art n’est pas fait pour être joli. Il retrace simplement une expérience humaine, la transcende, la tire vers l’universel en ce qu’elle nous raconte, nous.

Max n’a rien d’exceptionnel, nous dit Mark. Il n’est même pas très sympathique. Egocentré à l’extrême, il se contente de petits boulots parce qu’il est sûr d’avoir un destin, il sera un écrivain hors du commun. Enfin, dès qu’il s’y mettra sérieusement. Mais ça demande de la ténacité, et une forme de courage dont il est dépourvu, au début. C’est plus facile de se plaindre, de remettre à plus tard, de limiter ses activités à glander, picoler, et baiser Olivia. Au départ, leur union semble fonctionner. Ils baisent, elle travaille, ils baisent, elle démissionne, ils baisent, il trouve un job… Rapidement, la relation se détériore et menace de dévorer les deux amants. Les engueulades se succèdent, à propos de tout et rien, suivies de réconciliations éphémères. Olivia fait ressortir le pire chez Max, la violence, la mesquinerie, la haine. Telle une drogue, elle instille sa nocivité dans ses veines. Dépendant, il voudrait se désintoxiquer, mais impossible de se passer de sa dose, il y revient toujours, incapable de vivre ni avec ni sans. Bukowski avait l’alcool, Rob Roberge la dope, l’addiction de Max a pour nom Olivia. Comme eux, il lui faudra atteindre un sommet de désespoir, frôler l’overdose, pour enfin créer une œuvre, écrire au bout du compte, écrire malgré tout, et ainsi se sauver.

Qu’y-a-t-il de vrai dans la description de leur relation ? Max est-il digne de confiance ? Seul son point de vue est rapporté, alors comment savoir ? D’autant qu’on l’imagine assez capable de ne nous dire que ce qui l’arrange. Quoiqu’il en soit, si Max est un double de Mark, alors il y en a bien un des deux qui ment, et qui est bel et bien quelqu’un d’exceptionnel.

Marianne Peyronnet