Sur le plan éditorial, les commémorations de 14-18 auront dévasté au moins autant de forêts que la guerre elle-même.

 

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Cet intense marmitage aura tout de même été l’occasion de faire quelques belles découvertes, dont celle du peintre anglais Paul Nash (1889-1946), dont nous n’aurions peut-être jamais entendu parler s’il n’avait été LE peintre de la Grande guerre, côté britannique. Profondément marquée par l’horreur des tranchées, son œuvre d’un expressionnisme presque hallucinatoire fait de lui l’équivalent so british d’un Otto Dix ou d’un Alfred Basel. Comme beaucoup d’hommes de sa génération, lui-même en sortit durablement traumatisé, ce dont témoigne cette évocation biographique en bande dessinée. La confier à Dave McKean était un choix judicieux. Artiste protéiforme, au croisement de la BD, de l’illustration et du multimédia, le dessinateur star de Cages et de Black Orchid était certainement le plus à même d’évoquer avec force et justesse les tourments intérieurs de cette âme en peine. Il le fait en virtuose, comme d’habitude, au moyen d’une quinzaine de récits de rêves, dans une approche quasi psychanalytique et très documentée des épisodes marquants de la vie du peintre. Points de vue, styles et techniques varient sans cesse, passant d’une figuration presque traditionnelle aux stupéfiants collages numériques dont il fut l’un des pionniers en bande dessinée. A ce titre Black dog excède largement la simple commande et prend d’emblée toute sa place dans la bibliographie personnelle de McKean, rappelant utilement au passage qui est le patron aux perdreaux de l’année qui l’auraient prématurément enterré pour avoir un instant tourné le dos à la bédé.

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Si réussi soit-il, cet album ne saurait toutefois constituer qu’une introduction à l’œuvre de Nash, dont on aura un aperçu plus complet en se référant au catalogue de la rétrospective qui lui a été consacrée l’été dernier à la Fondation Van Gogh d’Arles, et qui concerne plutôt son œuvre postérieure à la guerre, marquée par un certain surréalisme en quête de lumière.

Yann Fastier