Antigone, fille d’Œdipe, n’aura décidément pas eu la vie facile.

 

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Outre une hérédité chargée, elle aura dû supporter tout le poids de la Tragédie, dont un certain nombre de théâtreux depuis Sophocle ont voulu charger ses frêles épaules. La Justice ou bien la Loi ? Enterrer son frère Polynice comme le veut la piété familiale ou bien le laisser bouffer aux chiens comme l’exige le tyran Créon ? En acceptant d’aller à la mort plutôt que de renier son frère, Antigone incarne depuis toujours l’inflexibilité de l’honneur face à l’arbitraire des hommes. Avec cette nouvelle mouture, Marie Gloris Bardiaux-Vaiente ne craint pas d’en rajouter une louche en la déléguant à la cause des femmes, sang menstruel à l’appui. « Ce n’est point une innocente que vous sacrifiez sur l’autel de votre loi, mais une femme libre ». Tellement libre et tellement sacrifiée qu’elle saura in fine toucher le cœur d’Athéna, fille de Zeus et de Mètis qui, elle aussi, en a finalement radada des bonshommes. A lire cette bédé, on se dit que « téléphone » est bien un mot grec et l’on est d’autant plus agacé que l’on est somme toute assez déçu. Car l’objet s’annonçait bien, d’un beau noir et blanc griffé qui, par moments, savait tutoyer la grâce. Déjà, on songeait au Peplum de Blutch, à l’Œdipe roi de Pasolini ou bien même à Médée… et l’on se retrouve à tiquer sur un ton mi-guindé, mi-relâché et des personnages dont les chlamydes et les chitons, si empesés soient-ils, ne suffisent pas à dissimuler les gros sabots. L’intention ne fait pas tout et, sans doute, les filles méritaient mieux que l’air du temps, qui nous gonfle aussi bien qu’un autre quand il est seriné de cette façon.

Yann Fastier