Après Plutôt crever, et La jambe gauche de Joe Strummer, Caryl Férey signe le retour gagnant de Mc Cash,

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son Irlandais borgne, l’ex flic à l’âme déchiquetée et au sale caractère. Enfin gagnant… pour le lecteur, hein, parce que pour Mc Cash, c’est une autre paire de manches. Son œil manquant lui fait toujours souffrir le martyr, sa vue se dégrade et le voilà embarqué dans une sale affaire, comprendre comment et pourquoi son pote Marco a péri en mer, heurté par un cargo dans la méditerranée. Surtout qu’à bord du voilier se trouvait Angélique, son amour de toujours. Le cœur de Mc Cash, ne lui en déplaise, est grand comme la mer et gros comme une tempête. Ses émotions font des vagues et sous son bandeau de pirate perlent autant de pus que de larmes.

Plus jamais seul. Parce qu’il devra toujours veiller sur sa fille ado dont il a hérité sur le tard et apprend à aimer ? Ou « plus jamais seul avec une bastos dans la gueule », ainsi que le clame Spoke Orchestra, dont la musique rythme le roman tout du long ? Les deux, mon capitaine. Deux extrêmes et rien de mièvre. Pas de temps mort et quelques morts sur la route qui mènera Mc Cash jusqu’en Grèce.

Caryl Férey en profite pour régler son compte aux profiteurs de crise dans une diatribe assassine, un récit porté par une rage manifeste, efficace car subtile, sur fond de trafic d’êtres humains. L’injustice, le sort réservé aux femmes et aux déshérités de notre joli monde continuent d’agacer le fougueux breton et l’on retrouve les emportements féroces qui font la force de ses romans, de ses héros kamikazes à force d’être désespérés. On se bat avec le géant cyclope, on rit de ses reparties cinglantes d’ours mal léché. On est triste avec lui de l’état de notre humanité. On est surtout touchés par la grâce délicate qu’il déploie envers celle qui comptera désormais plus que tout, sa fille.

Mc Cash et Alice s’apprivoisent lentement, leurs sentiments s’affirment, au cours de promenades sur la plage sous des ciels si bas, ou de longs trajets en voiture qui ne sont pas sans rappeler la belle relation entre un homme mûr un rien foutraque et une gamine un peu perdue, une autre Alice, celle de La sirène rouge de Dantec.

Marianne Peyronnet