220 films ont été tournés au temps de l’Occupation allemande de 1941-1944.

 

 Ni un genre, ni un mouvement, ce cinéma se caractérise par sa temporalité particulière et aussi par le fait que tous les films tournés à ce moment là semblent fuir la réalité de l’époque. Comédies légères, drames historiques, films policiers calqués sur le modèle américain…Et pourtant tout est « Derrière la façade » (titre d’un des chefs d’œuvres français de 1939). En réalité beaucoup d’entre eux vont dénoncer la réalité contemporaine. La plupart des longs-métrages de ce temps sont des films à tiroirs, sujets à multiples interprétations. La qualité de ce cinéma à de quoi surprendre à une époque où les coupes financières sont énormes. Le cinéma français est alors sous la domination de la firme cinématographique allemande Continental qui produira pendant 4 ans la plupart des films. Son «  mogul » est Alfred Greven, un proche de Göring et un passionné de cinéma français. Paradoxalement donc, ce sera de la Continental que sortiront les grands chefs d’œuvre de ce temps-là. Beaucoup des films français tournés en zone libre seront en comparaison des bluettes passablement sans intérêt. Cette période noire se finira avec la Libération et sera symbolisée par un film charnière, le célébrissime « Les Enfants du Paradis ».

Filmographie sélective

 

1940

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La fille du puisatier

Commencé avant la guerre, arrêté pour cause de déclaration de guerre et repris dans un climat exceptionnel en zone libre, l’unique film de Marcel Pagnol durant la guerre subit le contexte de son époque. Le film a sûrement vieilli, mais il faut admettre que nous sommes au plus près de l’esprit de son auteur, entre mélodrame et comédie bucolique joués avec brio par Raimu et Fernandel, les acteurs préférés de Pagnol…

 

1941 

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L’assassinat du Père Noël

Le premier film de la firme allemande Continental, ce conte de Noël fantasmagorique est réalisé avec une grande virtuosité technique par le chevronné Christian-Jacques. Qui a assassiné le père Noël alias le père Cornusse (Harry Baur lui-même future victime de la Gestapo) qui, comme chaque année, endossait tranquillement son déguisement ? Qui a détruit le rêve des enfants et Qui éveillera la propre fille de Cornusse, désormais orpheline, à l’Amour et à la Liberté ? Les métaphores abondent dans cette enquête policière menée dans la neige, et permettent des relectures infinies de ce film magique au charme désuet.

 

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Le dernier des Six

Film policier façon « les 10 petits nègres » d’Agatha Christie réalisé par George Lacombe certes, mais avec Henri-George Clouzot, un des génies du cinéma français, aux commandes pour les dialogues et le scénario ! C’est lui le créateur du duo de charme Pierre Fresnay-Suzy Delair : le commissaire gentleman Wenceslas Voroboetchik et sa maîtresse à la gouaille inénarrable, Mila-Malou, que l’on retrouvera dans « L’assassin habite au 21 ».

 

1942 

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Les inconnus dans la maison

D’après le roman éponyme de Simenon, ce film éblouissant réalisé par Henri Decoin bénéficie du scénario et des dialogues sans concession d’Henri-George Clouzot (toujours lui !). Raimu y joue le rôle d’un vieil avocat alcoolique qui a délaissé sa fille après l’abandon de sa femme. La découverte d’un cadavre dans leur maison plonge cette famille décomposée dans le drame et oblige l’ancien avocat à reprendre du service. A noter que le film a été interdit à la Libération…

 

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Les visiteurs du soir

On a tout dit et tout écrit sur ce film-là. Satan délègue, sous l'apparence de ménestrels, deux de ses suppôts, Dominique (Arletty) et Gilles (Alain Cuny), pour semer malheur et destruction sur Terre en l'an de grâce 1485. Ce film fantastique, faussement intemporel, est la création conjointe de Marcel Carné et Jacques Prévert. Œuvre symbolique, poétique et crépusculaire, elle déroutera peut-être un spectateur du 21ème siècle mais elle demeure un témoignage éloquent de la vitalité désespérée du cinéma de ces temps troublés. Les spectateurs de l’époque ne s’y sont apparemment pas trompés en voyant en ce film une parabole pure et simple de la Résistance.

 

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Le mariage de Chiffon

Chiffon est une charmante jeune aristocrate gâtée qui étouffe dans son milieu social pesant et étriqué. Avide de liberté et d’aventure elle s’éprend de son oncle… Alors là, c’est carrément un autre registre ! Nous sommes dans la comédie légère, un brin « lubitschienne », jouée avec brio par de grands comédiens. Critique non dissimulée de l’hypocrisie d’une époque et d’un milieu, « le Mariage de Chiffon » contrairement aux apparences est un film audacieux et subtil.

 

1943 

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Le Corbeau

Inspiré d’un fait divers authentique qui s'est déroulé à Tulle de 1917 à 1922, cette sombre histoire de lettres clandestines envoyées par un mystérieux « corbeau » aux habitants d’une petite ville a toujours de quoi donner le frisson ! Chef d’œuvre absolu du film noir à la française, le film démontre le talent explosif Henri-George Clouzot. Le film sera condamné et interdit à la Libération et son auteur accusé de donner une image trop sinistre de la France…

 

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Goupi Mains Rouges

C’est l’histoire d’une famille de paysan charentais et de leurs sombres querelles de familles ou argent et jalousie se mêlent pour finir en folie meurtrière…Ce film noir de Jacques Becker symbolise remarquablement l’esprit de l’époque. En adaptant son roman Pierre Very dut l’adapter aux contraintes de l’Occupation, notamment l’interdiction de tourner dans un camp militaire lieu de l’action de son roman. Entre drame familial rural et film policier, ce film important stigmatise également son époque.

 

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L’Eternel Retour

Ah le couple d’amoureux qui a fait rêver une génération ! Jean Marais et Madeleine Sologne incarnent les amants Tristan et Yseult dans cette transposition de la légende par Jean Cocteau. Deux anges blonds miroirs l’un de l’autre, presque androgynes dans leur éternelle beauté et symboles de toute une génération opprimée. Poétique forcement poétique !

 

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Lumière d’Eté

Jean Grémillon, injustement oublié de nos jours, l’auteur pourtant de « Remorques » et aussi de cet inoubliable « Lumière d’été » tourné dans le sud de la France et en Corrèze. Entre Marivaudage et drames de l’amour, ce film est immortel ne serait-ce que pour les cinq premières minutes qui montre l’héroïne sortant d’un car et se dirigeant vers un mystérieux hôtel solitaire blotti dans une vallée…L’aventure commence…

 

1944 

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Cécile est morte

Adapté du roman de Simenon, toujours produit par la Continental, « Cécile est morte » est un jeu de cluedo jubilatoire avec Albert Préjean dans le rôle de Maigret, rôle qu’il interprètera trois fois. Un film policier géant ! A noter que les cruels romans policiers de Simenon et de Pierre Very ont souvent été adaptés au cinéma durant cette période sombre…

 

1945 

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Les Enfants du paradis

On retrouve le tandem Marcel Carné-Jacques Prévert pour une superproduction tournée sous l’Occupation mais qui sortira à la Libération dont elle deviendra le symbole…Sorte de marivaudage amoureux, le film évoque, surtout et avant tout, le monde du spectacle et les coulisses du théâtre. La poésie des dialogues de Prévert deviendra culte, l’émulation artistique entre le réalisateur, le peintre Mayo, les costumes de Jeanne Lanvin, la flopée de stars (dont Arletty qui sera arrêtée à sa sortie), le triomphe commercial, bref, tout va concourir à faire de ce film une des œuvres majeures de l’Histoire du Cinéma.