Susan Cooper est anglaise et vit à Paris. Elle a écrit plus de cinquante best-sellers.
Sa spécialité, les thrillers avec sang qui gicle, cadavres enterrés dans le jardin et intrigues complexes. Ses ventes ne sont plus ce qu’elles étaient, mais elle demeure l’une des autrices les plus mondialement connues dans son domaine. Alors qu’elle est en route pour Monaco où un salon du livre s’apprête à l’honorer, elle reçoit un message sur Instagram. Une jeune femme, Nora, admiratrice de son oeuvre, l’informe qu’elle a tué un homme et lui demande son aide.
Il ne faut aucun effort pour s’immerger dans le récit de Stéphane Carlier, tant le déroulé du récit, fait de rebondissements délicieux et de considérations bidonnantes s’avère impeccable. Passant de l’une à l’autre de ses deux héroïnes lors de courts chapitres, leurs voix s’alternent, se répondent jusqu’à leur inévitable rencontre. On est dans un roman policier, un roman policier qui se (dé)construit au fil des pages, livre ses secrets de fabrication, dans lequel l’auteur reprend tous les clichés du genre pour mieux s’en moquer. L’ironie joue à plein et Carlier, flattant l’intelligence de son lecteur, se le met dans la poche. Parce que qu’est-ce qu’il s’amuse, le lecteur ! - A s’approcher au plus près de ces écrivains célèbres semblant à leur aise sur tous les plateaux télé et de leurs pensées intimes à l’opposé de ce qu’ils paraissent, - à assister à leur ennui profond lors de séances de dédicaces face à un public posant toujours les mêmes questions. - A reconnaître toutes ces figures du petit milieu littéraire, à travers les portraits hilarants de la stagiaire inculte, de l’attachée de presse excitée, de la libraire coincée.
Mise en abîme multiple qui n’empêche en rien le plaisir immédiat de situations cocasses, La vie n’est pas un roman de Susan Cooper est plus qu’un roman léger, un pastiche amusant. Véritable questionnement sur la (perte de) notoriété, les affres de la création, la solitude de l’artiste, la vanité, il serre Susan de si près qu’on la croirait réelle, que l’impression qu’elle est la véritable auteure du roman dont elle est le personnage principal perdure de façon surprenante jusqu’au dénouement. Stéphane Carlier a-t-il été dans une autre vie une écrivaine britannique renommée, à l’orée de la vieillesse, accablée de doutes concernant son talent ? Peut-être bien que oui.
Marianne Peyronnet