La neige. Le froid. La montagne. Un homme s’y est réfugié, seul.

 

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Il a fui un monde qui n’est plus un monde. En bas, il ne règne plus que le chaos, la violence et les cris. Les chasubles orange terrifient, les hordes appliquent leurs terribles sentences. Les milices sont partout. Encore plus que les loups. Les humains se battent pour un reste de pain, un litre d’eau. Les virus et les épidémies font des morts par milliers. Il n’y a plus d’électricité, plus d’essence, plus de réseau. Il n’y a plus de compassion, de solidarité, d’espoir. Bientôt, très loin, le volcan réveillé noiera de ses cendres ce qu’il restait d’humanité.

Dans cette ambiance crépusculaire, Marie-Jean s’est jeté sur les routes à la recherche du fuyard, en quête de Timothée, son frère aîné qui l’a abandonné. Au cours de son périple, il croise la route d’Anna. Il se fait agresser, elle le soigne. Il se montre attentif et lui fait oublier, un peu, Sid son amant fauché par la police. Ensemble, ils progressent et redécouvrent ce qu’est l’amour.

Dire que Sands déborde d’optimisme quant à la capacité humaine à révéler le meilleur d’elle-même dans l’adversité, n’est pas la première pensée qui vient à l’esprit à la lecture de ce texte court, dense, d’une tristesse infinie. L’incroyable solitude des survivants exsude à chaque page, coupant le souffle. Tout est crédible, donc cauchemardesque, terrible. Les dérives dépeintes, la haine de l’autre jusqu’au meurtre, la violence comme unique communication, la justice des meutes, semblent dangereusement accessibles, tout près.

Pourtant, en creux, c’est bien de l’empathie que l’on ressent, pour ceux qui n’ont pas encore complètement glissé dans les ténèbres, pour ce bon vieux monde, même imparfait, que nous connaissons. Son récit est un cri d’alarme, une prière hurlée à sauver ce qui peut l’être encore, une ode à la beauté et à l’amour.

Dans Un feu dans la plaine, paru en 2018, l’auteur racontait l’inexorable basculement dans la rage d’un peuple laissé sur le carreau, anticipant les mouvements sociaux que nous avons connu depuis. Espérons qu’il ne fasse pas preuve d’autant de clairvoyance avec Un des tiens, et que son livre demeure bien classé dans le genre des œuvres post-apocalyptiques et non dans celui des romans d’anticipation.

Marianne Peyronnet