Cinéma et peinture : une sélection thématique
La vision du peintre au cinéma
1) le biopic
Le biopic a deux approches : soit il nous montre la vie entière d’un personnage, soit il se penche uniquement sur 1 ou plusieurs périodes de sa vie.
Moulin Rouge de John Huston, 1952
La vie de Toulouse Lautrec fut étroitement liée à celle du Moulin Rouge. Ses affiches immortalisèrent pour toujours la bohème parisienne de la fin du 19ème siècle. Hollywood s’empara du mythe et c’est John Huston qui le filmera en technicolor en 1952.
L’Extase et agonie de Carol Reed, 1965
Un film académique, un peu anachronique parfois, un peu caricatural souvent. Mais quelle somptueuse fresque Renaissance ! On y assiste à l’affrontement entre le pape Jules II (Rex Harrison) et Michel-Ange (Charlton Heston) pour la création du plafond de la célébrissime Chapelle Sixtine.
Pollock d’Ed Harris, 2000
Le film s’inscrit dans la lignée du biopic ultra-classique. Une reconstitution du New-York de l’époque soignée et une vision sans concession du business de l’Art. Le film a été réalisé et joué par un Ed Harris littéralement habité par son rôle.
Frida (Frida Khalo) de Selma Hayek, 2002
Le film retrace la vie pleine de gloire et de fureur de l’artiste mexicaine au destin si tragique. Mal-aimé par les critiques à sa sortie, le film est pourtant un petit bijou de couleurs et de sons, porté de bout en bout par une Selma Hayek transcendée par le rôle.
Big eyes de Tim Burton, 2015
D’après l’histoire vraie du couple d’artistes américains Margaret et Walter Keane, évoqué avec une empathie émouvante par Tim Burton qui en profite aussi pour revenir sur une des plus grandes impostures de l’Histoire de l’art du 20ème siècle.
Les amants de Montparnasse de Jacques Becker, 1958
Pour le plaisir de revoir Gérard Philipe dans ce classique français tourné en noir et blanc. Il couvre la période parisienne de 1919 et la rencontre avec la belle Jeanne Hebuterne (incarnée par Anouk Aimée).
Van Gogh de Maurice Pialat, 1991
Difficile de ne pas mentionner cette magnifique version de Maurice Pialat. Moins centrée sur l’intérêt dramatique (la vie, les amours…) que sur le processus de création. Absolument fascinant, une œuvre majeure.
Artemisia d’Agnès Merlet, 1997
Assez loin de la vérité historique et c’est dommage pour le coup car le destin de la belle Artemisia Gentileschi, peintre de cour sous le patronage des Médicis, relève véritablement du cinéma. Le film ancré dans la Renaissance italienne reste cependant une réussite tant au niveau des costumes que de la photographie.
Lautrec de Roger Planchon, 1998
Autre portrait du père de l’affiche moderne vu par un réalisateur français qui brosse avec brio la vie mouvementée du génie amoureux de Suzanne Valadon. On aime la reconstitution fidèle du Paris de la Belle-Epoque.
Klimt de Raoul Ruiz, 2006
Inspiré par les estampes japonaises et le symbolise, l’art de Klimt en a fait le symbole de l’art nouveau. Brillamment interprété par John Malkovitch, le film de Raoul Ruiz part à la rencontre d’un artiste épris d’absolu.
Séraphine de Martin Provost, 2008
Un film dont on oublie la velléité académique tant la prestation de Yolande Moreau est extraordinaire dans ce film sur la vie étonnante de Séraphine de Senlis, femme de ménage qui peignait en cachette…
5 femmes autour d’Utamaro de Kenji Mizoguchi, 1946
La vie du peintre japonais, Kitagawa Utamaro (1753-1806), est décrite ici au travers de ses relations avec les femmes dont il a si bien peint les portraits. Filmé dans le beau noir et blanc caractéristique de Kitagawa qui lui-même nourrissait une vive passion pour la peinture…
Ivre de femmes et de peinture de Im Kwom-Taek, 2002
Le film traite de l’évolution picturale du peintre coréen Owon (1843-1897), On assiste à ses angoisses d’artiste, à ses beuveries, à ses amours…Une œuvre lyrique, dense et colorée à l’image de la fureur de vivre de l’artiste.
Achille et la tortue de Takeshi Kitano, 2008
Une comédie douce-amère et une critique impitoyable du milieu de l’art contemporain. Vraie-fausse autobiographie jouée par Kitano lui-même dont on sait la passion qu’il a également pour la peinture. C’est d’ailleurs lui qui a crée toutes les toiles du film !
Edvard Munch, la danse de la vie de Peter Watkins, 1973
Un biopic sur le père de l’expressionisme, créateur du fameux « Cri » (1983-1917). Tourné dans des tons proches des toiles du maître avec des acteurs non-professionnels habitants d’Oslo, une des œuvres préférées du réalisateur.
Rembrandt d’Alexander Korda, 1936
La vie tumultueuse de Rembrandt, le fameux peintre hollandais du 17ème siècle, est digne d’intérêt cinématographique. Charles Laughton fait ici une création hallucinante de la déchéance du peintre. A noter la particularité de ce biopic de la 1ère heure : aucun tableau n’est visible dans le film.
Mr Turner (Turner) de Mike Leigh
Les dernières années de l’existence du grand peintre anglais, le maître des paysages à l’aquarelle…Film à la photographie éblouissante dans la lignée de l’art de Turner, une véritable mise en abyme plastique qui laisse admiratif.
Miss Hokusai
Film d’animation qui s’inspire de la vie du fameux peintre japonais (1760-1849). Ce dernier eut une fille qui l'aida dans ses travaux (on peut lui attribuer notamment un certain nombre d'oeuvres portant la signature de Taïto); elle épousa un des élèves de son père, Shighénobu. Le film traite de la relation père-fille et de leur œuvre à 4 mains.
2) L’artiste et son modèle
La belle noiseuse de Jacques Rivette, 1991
Librement inspiré d’une nouvelle de Balzac, le film raconte le retour à la création d’un peintre qui avait abandonné son art. Entre analyse d’une œuvre et étude des rapports entre artiste et modèle (joués ici par Michel Piccoli et Emmanuelle Béart).
Renoir de Gilles Bourdos, 2013
De l’art de la peinture à l’art du récit, un film lumineux mettant en scène Renoir père à la fin de sa vie, Renoir fils, le futur réalisateur au début de la sienne et leur muse commune la jeune et rayonnante Andrée le nouveau modèle du peintre.
Effie Gray de Richard Laxton, 2014
Drame romantique de l’époque victorienne. Ici l’on s’attarde plus sur le scandale que provoqua le triangle amoureux (le critique d’art John Ruskin, sa femme Effie Gray et son amant le peintre préraphaélite John Everett Millais.
Autour d'un tableau
1) Sujet du film ou simple ressort psychologique
Quand le tableau est le sujet principal d’une œuvre cinématographique ou quand il sert juste de ressort psychologique à l’intrigue…
Le portrait de Dorian Gray d’Albert Lewin, 1945
Une des meilleures des nombreuses adaptations du fameux roman fantastique d’Oscar Wilde. Rappelez-vous : un jeune et beau dandy voit son portrait vieillir à sa place…
La rue rouge de Fritz Lang, 1945
Les toiles ont été peintes par l'artiste américain d'origine allemande John Decker pour un film noir qui, via le trafic d’art, traite surtout de la folie.
Laura d’Otto Preminger, 1946
Film noir des années 40 qui montre l’obsession d’un homme pour une femme disparue à travers un portrait d’elle…La quintessence du film policier américain des années 40.
2) L’adaptation d’une œuvre picturale à l’écran, l’émergence d’un genre cinématographique
Considéré comme un véritable genre cinématographique avec ses contraintes dont la plus grande est probablement la recherche de l’esthétisme absolu.
La jeune fille à la perle de Peter Webber, 2003
D’après le tableau du peintre néerlandais Vermeer peint en 1665, inspiré également d’un roman de Tracy Chevalier, le film part à la recherche de la genèse de ce tableau considéré comme « La Joconde du Nord ».
Bruegel : le moulin et la croix / Lech Majewski, 2011
A l’intérieur du tableau que Pieter Brueghel l'Ancien peignit en 1564, « Le portement de Croix » nous suivons l’histoire tourmentée de quelques-uns des personnages au cœur des guerres de religions…Un beau film lent et un exercice d’esthétisme poussé à l’extrême.
Ronde de nuit de Peter Greenaway, 2008
A partir du tableau « Ronde de Nuit », Greenaway nous montre comment d’une œuvre de commande, Rembrandt réussit à dépasser la censure imposée pour créer une extraordinaire œuvre personnelle. Le film décrit également, sans académisme, la corruption de la société hollandaise de l’époque.
Shirley, visions of reality de Gustav Deutsch, 2014
Nous suivons la vie d’une actrice, Shirley, et à travers elle, de l’Amérique des années 30 aux années 60, au cœur de plusieurs tableaux d’Edward Hopper. Véritable cinéma expérimental à mi-chemin entre cinéma d’animation et art-vidéo, le résultat est plutôt glacial, mais assez fascinant esthétiquement parlant.
3) la visite au musée
De la fiction au documentaire…
L’Arche russe de Sokourov, 2003
Tout est résumé dans la bande-annonce : 200 acteurs, 1 seul plan séquence, 33 salles visitées du Musée de l’Ermitage à St Pétersbourg. Et, au-delà de la performance technique, une œuvre onirique à travers l’Histoire de la Russie.
National Gallery de Robert Wiseman, 2014
Au cœur d’un des plus fameux musée du monde, le National Gallery de Londres, nous ne pouvons que retenir notre souffle émerveillés par le travail des acteurs qui œuvrent en coulisses, par cette interaction magique entre art et visiteurs, par la filiation évidente entre peinture et cinéma….Un documentaire passionnant.