Un bref rappel de la situation de ce peuple éternellement trahi par l’Histoire et ceux qui la fabriquent.

Au moment où la Turquie d’Erdoğan n’en finit plus de préparer un nouvel assaut contre le Rojava syrien, où une terrible répression s’abat de nouveau sur les Kurdes d’Iran et où les rues de Paris résonnent encore de l’attaque « raciste » perpétrée contre la communauté kurde de France, il nous semble bon de faire un bref rappel de la situation de ce peuple éternellement trahi par l’Histoire et ceux qui la fabriquent. Principales victimes des accords Sykes-Picot de 1916, les Kurdes, contrairement aux promesses qui leur avaient été faites par les Occidentaux, se voient privés de leur indépendance et écartelés entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Leur histoire, dès lors, ne sera qu’un long combat pour l’autonomie et la reconnaissance de leur culture et de leur langue. Un combat jalonné de révoltes et de massacres, de victoires, parfois, éclatantes et belles comme les roses de leurs montagnes. En Irak, la fin de Saddam Hussein voit les Kurdes jouir d’une large autonomie de fait et, même, accéder aux plus hautes fonctions de l’État. En Syrie, la guerre civile leur donne l’occasion de mettre en place un projet de société fascinant de modernité dans un contexte difficile, où, malgré le soutien du puissant PKK de Turquie, ils doivent faire face à l’État Islamique – contre lequel ils seront de loin notre meilleur allié – comme à une Turquie « illibérale » et nationaliste, bien décidée à leur briser les reins. Il n’y a pas si longtemps que les images des combattantes des YPG faisaient le tour du monde, saluées par tout ce que le monde compte de démocrates enamourés. La covid, l’Ukraine sont depuis passés par là : qui s’en souvient ? Quelques documents pour nous rafraîchir la mémoire…

 

Quelques films

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Carnets d’un combattant kurde, de Stefano Savona (2006)

Le témoignage à la première personne d’un jeune Kurde réfugié en Allemagne sur son engagement au sein du PKK. Il en dévoile le quotidien, sans masquer la dureté d’une discipline parfois vécue comme inhumaine.

 

Terre de roses, de Zaynê Akyol (2017) (Non disponible)

Elle-même d’origine kurde, la documentariste canadienne accompagne une unité féminine du PKK dans son quotidien. Il en ressort une impression de grande douceur, d’autant plus déchirante qu’on sait que la plupart de ces filles vont à la mort.

 

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Femmes contre Daech, de Pascale Bourgaux (2016)

 

Filles du feu, de Stéphane Breton (2018) (Non disponible)

Sur les fameuses combattantes des YPJ, en première ligne contre Daech au Kurdistan syrien. Celles-là mêmes dont parle Patrice Franceschi dans son roman. Les deux films cherchent à comprendre les motivations profondes de ces innombrables jeunes femmes ayant un jour pris les armes pour la liberté du Rojava.

  

Quelques documents

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Le peuple kurde : clé de voûte du Moyen Orient, d’Olivier Piot (Les Petits matins, 2017)

Kurdes : les damnés de la guerre, d’Olivier Piot (Les Petits matins, 2020)

À quelques années d’intervalle, deux ouvrages du journaliste Olivier Piot, bon connaisseur de la question kurde, font la synthèse d’une lutte incessante, entamée il y a déjà plus de cent ans, après les accords Sykes-Picot.

 

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Kurdistan : poussière et vent, de Sophie Mousset (Nevicata, 2017)

Un petit ouvrage de synthèse pour une première approche de la question kurde, qui fait cependant la part un peu trop belle au régime conservateur de Massoud Barzani, au Kurdistan irakien.

 

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La révolution kurde : le PKK et la fabrique d’une utopie, d’Olivier Grojean (La découverte, 2017)

Une histoire très documentée du PKK, avec ses forces et ses faiblesses, ses impasses et ses perspectives alors que rien n’est encore joué ni réglé, pas plus en Syrie qu’en Turquie.

 

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La révolution communaliste : écrits de prison, d’Abdullah Öcalan (Libertalia, 2020)

Au secret depuis plus de 20 ans dans les geôles turques, le leader incontesté du PKK a évolué au fil des ans d’un marxisme-léninisme pur et dur vers un communalisme libertaire, écologiste et féministe, inspiré par les écrits du philosophe anarchiste américain Murray Bookchin (1921-2006). Ses réflexions servent de guide à la lutte actuelle du PKK au Kurdistan turc ainsi qu’à la révolution kurde du Rojava syrien.

 

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L’écologie sociale : penser la liberté au-delà de l’humain, de Murray Bookchin (Wildproject, 2020)

Penseur marquant de la Nouvelle Gauche américaine, Murray Bookchin était le promoteur d’un « Municipalisme libertaire » innovant, à la croisée des luttes anarchistes, écologistes et féministes, qui a nourri la réflexion d’Abdullah Öcalan dans l’île prison d’Imralı.

 

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Triple assassinat au 147 rue La Fayette : une affaire d’État, de Laure Marchand (Actes sud : Solin, 2017)

Enquête sur l’assassinat à Paris en 2013 de trois militantes du PKK, dont Sakine Cansız, sa co-fondatrice, par une taupe au service des services secrets turcs et du mouvement fasciste des « Loups gris ». Une affaire encore pleine de zones d’ombre, d’où la France et sa justice ne sortent pas grandies.

 

franceschi

Mourir pour Kobané, de Patrice Franceschi (Perrin, 2017) (Non disponible)

Hommage aux combattantes et aux combattants kurdes de Kobané, dont la résistance héroïque, en 2014, sera parvenue à stopper l’irrésistible avancée de Daech et à sauver des griffes des djihadistes des milliers de Yézidis, signant l’une des plus courageuses épopées du XXIe siècle commençant.

 

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Comprendre le Rojava dans la guerre civile syrienne, de Raphael Lebrujah (Editions du Croquant, 2018)

Parmi l’inextricable imbroglio de la guerre civile syrienne, la lutte des Kurdes pour un Rojava pacifié apparaît comme une utopie désirable, ce dont ni le régime syrien ni le régime turc ne sauraient évidemment s’accomoder. Très complet à sa date de parution, cet ouvrage permet d’en comprendre les enjeux, philosophiques, sociaux et géopolitiques.

 

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Jusqu’à Raqqa, d’André Hébert (Les belles lettres, 2019)

Paru dans la très belle collection Mémoires de guerre, ce livre constitue le témoignage de l’un des rares Français engagés parmi les Kurdes du Rojava au nom de ses idéaux libertaires. Sans blabla, il décrit le quotidien d’un YPG parmi d’autres, tout en faisant état de la grande ambiguïté de la France dans son apparent soutien aux Kurdes de Syrie.

 

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Sniper : ma guerre contre Daech, d’Azad Cudi (Nouveau Monde éditions, 2019)

Le témoignage d’un jeune Kurde iranien réfugié en Angleterre, revenu lutter contre Daech auprès des siens.

 

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Si je t’oublie Kurdistan, d’Olivier Weber (Ed. de l’Aube, 2020)

Grand reporter, diplomate et correspondant de guerre, Olivier Weber a pris parti de longue date pour les Kurdes. À l’heure où les Occidentaux, fidèles à leurs habitudes, lâchent sans états d’âmes leurs alliés face à l’armée turque, son évocation de la longue marche des Kurdes vers l’émancipation et la démocratie prend un goût amer.

 

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La démocratie sous les bombes, sous la direction de Pierre Crétois et Édouard Jourdain (Le bord de l’eau, 2022)

Ouvrage collectif issu d’un colloque, le plus complet à ce jour sur l’expérience démocratique inédite en cours au Rojava syrien, avec ses réussites et ses limites.

 

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S’il n’en reste qu’une, de Patrice Franceschi (Grasset, 2021)

Une journaliste australienne part sur les traces de deux combattantes de YPJ au destin tragique. Un roman dur et passablement désespéré, par un ami inconditionnel et un excellent connaisseur de la cause kurde.

 

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La louve de Dêrsim, de Yasmina Kramer (Belfond, 2023)

En immersion dans un tabûr, une unité combattante des YPG commandée par l’indomptable Assîa. Un roman didactique au style un peu journalistique mais parfaitement documenté, pour une première approche de la révolution kurde au Rojava.

 

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Nûdem Durak, de Joseph Andras (Ici-bas, 2023)

Écrivain engagé à l'extrême-gauche, Joseph Andras prend fait et cause pour la jeune chanteuse Nûdem Durak, condamnée en Turquie à 19 ans de prison à l'issue d'une parodie de procès. Le portrait attachant d'une jeune femme libre entièrement dévouée à son art et, à travers elle, celui d'un peuple pour lequel >Résistance n'est pas un vain mot.

 

Quelques bandes dessinées

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Kurden People, de Marina Girardi (L’agrume, 2013)

Alors que débute à peine la guerre en Syrie, une évocation de l’histoire des Kurdes à travers les témoignages de réfugiés.

 

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Kobané calling, de Zerocalcare (Cambourakis, 2016)

Avec l’humour et la distanciation qu’on lui connaît, le dessinateur italien raconte son bref séjour parmi les YPG, non loin du front contre Daech.

 

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No sleep till Shengal, de Zerocalcare (Cambourakis, 2023)

Sept ans plus tard, Zerocalcare part dans le nord de l’Irak, où les Yézidis survivants des massacres de Daech s’organisent selon les principes du Fédéralisme démocratique.

 

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Khalat, de Giulia Pex ( Presque lune, 2020)

Le parcours et les terribles tribulations d’une jeune réfugiée kurde de Syrie à travers toute l’Europe, malheureusement bien moins accueillante envers certaines populations qu’envers d’autres…

 

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Les filles du Kurdistan : une révolution féministe, de Mylène Sauloy et Clément Baloup (Steinkis, 2021)

Une BD documentaire assez maladroitement scénarisée par la journaliste Mylène Sauloy, sur un dessin de Clément Baloup qui force un peu son style. Elle a, disons, le mérite d’exister, bien qu’assez incompréhensible pour qui ne connaît pas déjà un peu la question.

 

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Prison n°5, de Zehra Doğan (Delcourt, 2021)

Plus qu’une bande dessinée, un témoignage glaçant sur les sévices et les tortures endurés dans les prisons turques par les Kurdes, militants ou non, emprisonnés parfois pour des années sous les prétextes les plus futiles. Chacune de ces images terribles a dû être dessinée en secret sur des papiers de rencontre et passée clandestinement à l’extérieur. Et si le style de la jeune journaliste Zehra Doğan n’a évidemment rien de professionnel, il est néanmoins d’une vérité, d’une crudité et d’une urgence qui enfoncent largement la totalité des matamores du graphzine tendance Dernier cri.

 

Pour finir en musique