Figure familière du livre pour enfants et de la bande dessinée, Bruno Heitz, au fil des ans, a creusé son trou de verdure dans un univers bien à lui, où Simenon trinque avec Rabelais et La Fontaine avec René Fallet.

Bucolique mais pas que, observateur malicieux et conteur hors pair, il n’a pas son pareil pour épingler les petits travers ou les sales manies de notre trop humaine humanité. Ses récents Dessous de Saint-Saturnin, après Un privé à la Cambrousse, en font à nouveau la preuve. Par neuf, évidemment.

 

Votre univers apparaît teinté d’une certaine nostalgie, certes distanciée mais réelle, pour les Trente glorieuses. Que représentent pour vous ces années-là ?

Si je choisis souvent ces années comme cadre pour mes BD, c'est qu'à l'époque les gens se parlaient "en vrai" beaucoup plus qu'aujourd'hui, où tout le monde est collé aux écrans, pas terrible pour les dialogues, qui font le sel de la bande dessinée... Imaginez un détective ou un Maigret consultant un ordinateur pour comparer des fichiers ADN, plutôt que d'interroger la bignolle au bas de l'escalier ?

 

De même, la littérature apparaît très présente dans votre travail. Diriez-vous que c’est votre principal carburant ?

Assurément un excellent carburant, surtout associé à l'amitié de quelques rares correspondants qui aiment le même genre de livres que moi. Avec ces amis, nous nous envoyons les livres que nous avons aimés, quitte à les racheter ensuite pour pouvoir les relire (ou les envoyer encore) plus tard. Certains livres nous coûtent plus cher en frais de poste qu'à l'achat en librairie...

 

Un souvenir personnel – bon ou mauvais – lié aux bibliothèques ?

Ma première gaffe à l'âge de 10 ans environ : j'avais répondu à la bibliothécaire qui s'étonnait de m'avoir lu "Manon des sources" en entier, et qui voulait savoir ce qui m'avait tant plu dans cette saga méridionale : "Le plus beau passage, lui avais-je dit, c'est quand Ugolin regarde Manon se baigner toute nue !"

Mais bien sûr je pourrais aussi raconter les nombreuses rencontres et découvertes dues aux bibliothèques municipales qui m'ont si bien accueilli pendant 40 ans, mais là, je vais devoir vous redessiner la carte de France et ça risque d'être un peu long pour le format demandé.

 

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