Créé en 1989 à l’initiative de deux lycéens clermontois qui prétendaient s’ennuyer, L’Atelier du Poisson soluble devait au fil des ans occuper une position particulière au sein du bouillonnement créatif des années 90-2000.
Iconoclaste, provocateur parfois, « l’éditeur aux pieds nus » fut bientôt connu pour être celui « qui fait les livres que les autres éditeurs n’osent pas faire » : l’un des tout premiers à aborder les thématiques LGBT (Marius, de Latifa Margio et Stéphane Poulin), il ne reculera jamais devant l’obstacle et verra petit à petit grandir sa notoriété et sa légitimité, confortées par quelques beaux succès commerciaux (Bou et les trois zours, d’Elsa Valentin et Ilya Green…) et des prix prestigieux. De même, prenant acte de la frilosité du monde de l’édition quant à la réflexion théorique, il devait y faire son trou via quelques ouvrages indispensables (Lire l’album, de Sophie Van der Linden) ainsi que la revue Hors-cadre[s], consacrée aux littératures graphiques.
Quelle place occupe aujourd’hui l’Atelier du Poisson soluble dans le paysage éditorial du livre jeunesse ?
Si son ancienneté – 32 ans d’existence ! – lui garantit encore une place de choix et une estime très certainement méritée dans la mémoire des plus vénérables professionnels du livre, il doit être mal connu des jeunes générations, noyés sous la surproduction. Longtemps éditeur de niche, je dirais que la grande diversification des propositions éditoriales lui a fait perdre progressivement sa niche.
Vous étiez encore lycéen lorsque vous avez créé votre maison d’édition avec Stéphane Queyriaux, en 1989. Si c’était à refaire ?
Aucun regret. Débuter aujourd’hui serait toutefois nettement plus compliqué.
Un souvenir personnel – bon ou mauvais – lié aux bibliothèques ?
J’ai eu l’insigne honneur d’effectuer mon service national au sein d’une médiathèque municipale... comme objecteur de conscience ! Je partage donc d’excellents souvenirs avec mes « copines de régiments ».