Né à Troyes en 1968, Philippe Savary a fait des études de droit à Dijon puis l’école de journalisme de Strasbourg.

En 1992, avec Thierry Guichard, il cofonde Le Matricule des anges, magazine littéraire

dont il est encore aujourd’hui l’infatigable rédac-chef.

 

Quelle place aujourd’hui pour un magazine comme Le Matricule des anges ?

Nous avons l’habitude de dire que la littérature que Le Matricule des anges défend, bon nombre de lecteurs aimeraient qu’elle le soit plus souvent. C’est à peine une boutade. Il existe une place pour un magazine qui promeut trois qualités, à nos yeux essentielles : la curiosité, la diversité, et l’indépendance. Nous recevons chaque mois environ deux cents livres. Comment choisir ? Comment éviter le suivisme (par paresse), péché mignon de la grande presse, qui perpétue trop souvent des fausses valeurs. Le paysage éditorial, en France, est riche et varié. C’est une chance. Parler de littérature, c’est aussi parler de poésie. Parler de fiction étrangère, ce n’est pas seulement se cantonner aux littératures anglo-saxonnes. Donc : donner un éclairage à ce que le marché du livre rend moins visible, tout en refusant de s’emprisonner dans la tour d’ivoire des happy few. Le Matricule des anges s’adresse aux grands lecteurs comme aux lecteurs occasionnels.

 

Selon vous, quel est le plus grand défi que doit affronter actuellement la littérature ?

Lutter contre l’uniformisation, contre l’impersonnalisation. Rendre de la complexité à ce qui nous échappe. Les romans sont des petites lumières à côté des images aveuglantes du journal télé, des idéologies du marché.

 

Un souvenir personnel – bon ou mauvais – lié aux bibliothèques ?

Dans mon souvenir, la bibliothèque que je fréquentais adolescent prenait la forme d’un immense navire de bois à tiroirs alphabétiques, emplis de fiches cartonnées. Il fallait réserver et attendre l’heureux emprunt. Mais à vrai dire, cette petite salle donnait sur une autre, plus chaleureuse, plus bruyante : c’était la pièce des vinyles, généreusement pourvue. Elle aura davantage enrichi mon éducation sentimentale.

 

Le matricule des anges