Tout le monde connaît Sepp Gregory.

 

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Star des émissions de télé réalité Sex Crib, puis Love Express, il s’y est mis à nu, dans tous les sens du terme, dévoilant sa plastique parfaite et ses déboires sentimentaux, pour ne pas dire sexuels, à des milliers de téléspectatrices énamourées. Aussi, quand il sort son autobiographie Totale réalité, le bouquin se place immédiatement en tête des ventes. Et ça, ça énerve beaucoup Harriet Post. Blogueuse littéraire, elle aime la Vraie littérature, la Grande. Pour elle, « le monde est dirigé par les crétins, les demeurés, les nichons et l’argent. » Prêtresse du bon goût, elle est suivie par un nombre impressionnant de followers, et distille avec acrimonie ses avis venimeux sur la toile. Sa prochaine victime sera donc cet infâme torchon. Problème : le livre est moins mauvais qu’elle le pensait, il est même très bon. Elle part en quête de l’auteur de l’œuvre, un nègre forcément, et finit par faire la connaissance de Sepp. Cette rencontre ébranle ses convictions profondes.

Mark Haskell Smith n’épargne personne. Critique mordante de la télé poubelle et de son vide intersidéral, Ceci n’est pas une histoire d’amour n’oublie pas de dézinguer son pendant prétentieux, le microcosme de l’édition bon teint, sûr de ses choix. Qui court le plus après la célébrité, finalement ? Les acteurs, un peu victimes, de ces programmes voyeuristes et vulgaires ou ceux, pétris de certitudes, qui les jugent et donnent leur sentence éclairée sur le web, tout en se hâtant de consulter le nombre de visites reçues sur leur site après chacun de leur post ? Qui est le pire ? Celui qui s’expose, sans aucune pudeur, pour gagner de l’argent facile ? Celui qui se cache, derrière son écran, mais voudrait bien être reconnu pour l’acuité de son regard, la perfection de son style ?

Il y a de quoi rire ! Smith ne s’en prive pas. Attachées de presse prêtes à tout, bombasses agressives, fans hystériques défilent. Qui atteindra le podium, remportera la palme du plus débile, du plus ridicule ? Comment ne pas se marrer à la lecture de ses portraits assassins ? Harriet prétend « qu’Internet a été conçu pour publier des livres si mauvais qu’aucun éditeur n’en veut. » N’essaye-t-elle, elle-même, de faire éditer son roman ?

Finalement, tout cela est-il si grave ? Non, hein ?

Et nous, à quelle place nous hissons-nous sur le podium ?

« Les blogs littéraires, une boucle infinie d’autoglorification? Des écrivains écrivant sur l’écriture et les écrivains afin que quelqu’un les remarque et les engage pour écrire à la place d’autres écrivains. » LOL

Marianne Peyronnet