Y a-t-il encore quelqu’un sur la Canebière pour se souvenir que Marseille fut un jour une République indépendante aux couleurs de la très fanatique Ligue Catholique ?

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

D’un épisode relativement méconnu des Guerres de Religion, Jean-Laurent Del Socorro tire un passionnant roman historique, tout juste assez teinté de fantasy pour pouvoir figurer au catalogue de l’un des principaux éditeurs français de science-fiction. Il en tire surtout une très belle galerie de personnages qui, tour à tour, au fil de courts chapitres d’une écriture sèche et efficace, se passent le relais d’une histoire tendue tout entière vers sa fin, en tout point conforme à la vérité historique : Marseille tombera bien devant les armées du bon roi Henri. Mais, avec elle, tomberont ceux dont l’Histoire n’a pas retenu les noms : Gabriel, le chevalier huguenot converti de force après la Saint Barthélémy ; Victoire, la tueuse experte, à la tête de la très secrète Guilde des Savonniers ; Armand, l’Artbonnier, amant tragique et magicien dévoré par sa propre magie… Et si d’autres survivent, parmi lesquels Axelle l’Africaine, ex-capitaine d’une compagnie de mercenaires devenue aubergiste, tous ont en commun de secrètes blessures qui, au-delà d’intérêts parfois divergents, les portent les uns vers les autres de manière inexorable et généreuse. Si le coup d’essai n’est pas encore tout à fait un coup de maître (une certaine tonalité « politiquement correcte » bien de notre temps peine un peu, parfois, à convaincre tout à fait), l’auteur n’a pas dit son dernier mot et l’on ne laissera pas d’attentivement le guetter au coin de l’une ou l’autre petite ruelle sombre du quartier du Panier…

Yann Fastier