Chainas plante, dans ce roman sec comme un coup de trique,
les graines d'un écrivain sans concession, avec une vision du monde, qui nous dit que la laideur n'est pas toujours là où on l'attend, où rien n'est gratuit. Ça fait mal, on plonge quand même. Antoine Chainas va très loin, et nous avec. Casanova est accro au sexe. Ce n'est pas qu'il aime ça, non, en fait il ne pense qu'à ça. Toutes les femmes qui passent lui rappellent son addiction. Casanova n'aime pas, ni lui-même, ni les autres, qui lui rendent coup pour coup. Il n'éprouve que de la peur et de la colère. Il est flic, et quand son partenaire Giovanni disparaît, il est sommé de tout mettre en branle pour le retrouver. Lors de sa quête, il croisera des personnages énigmatiques, des amoureux des animaux, un fan d'Elvis tenancier d’un club interlope, le compagnon musclé de son ex... Et tout ce beau monde prend un malin plaisir à lui défoncer sa jolie petite face, à moins que ça ne soit finalement l'inverse. Le texte est court mais le propos dense. On trouve, dans ce premier roman publié en 2007, tous les thèmes qu'Antoine Chainas continuera d'explorer au fil de son œuvre. Le corps, la chair, incarnations de nos souffrances et de nos jouissances ; la culpabilité, la recherche d'une forme de rédemption ; les milieux louches, glauques où se côtoient le pire et le meilleur de l'humanité ; les excès à travers lesquels l'homme se révèle à lui-même, loin de toute idée de morale ou d'apitoiement.
Marianne Peyronnet