C’est un petit livre qui retrace les années 70-80.

 

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Les sièges de la Renault 12 collaient aux cuisses ; les sous-pulls étaient en nylon ; le marron et l’orange ornaient le papier peint. Les familles partaient en vacances à la mer au camping où elles plantaient leurs tentes trigano 4 places avec auvent. On déjeunait en regardant Midi Première et dinait devant Les Jeux de 20 heures… C’est un grand livre qui raconte beaucoup plus que la mémoire commune, sous-entendu consensuelle, d’une douce France évanouie. Les chapitres, courts, content bien les souvenirs d’enfance et d’adolescence d’Eric, le narrateur, mais ce dernier n’a pas la nostalgie des poupées en coquillages de Royan, ni même des images Panini de footballers. C’est plus la difficulté à trouver sa place qu’il se remémore, ainsi que son éveil à une sexualité différente qui lui vaut les surnoms de « Riquette » ou « Pisseuse » de la part d’un paternel désespérant de le voir idolâtrer Sheila. A cette époque, les pères avaient toujours raison et les mères briquaient tout du sol au plafond. Le racisme était ordinaire et l’homophobie hilarante. Les pères conduisaient vite. Ils conduisaient encore plus vite quand ils étaient ivres et fâchés. Ils giflaient leur petit garçon quand ils les trouvaient maquillés. Les mères cousaient des napperons pour mettre sur la télé ; elles ne consolaient pas, elles râlaient que leurs fils ou leurs chiens restent dans leurs pattes. Des détails passés de la vie courante Philippe Delerm avait tiré une mélancolie réconfortante quelque peu niaise avec Sa première gorgée de bière. Eric Romand, quant à lui, préfère rappeler, sans verser dans le mélodrame, que les Trente Glorieuses ne l’ont pas été pour tout le monde.

Marianne Peyronnet