Immersion totale dans le milieu du grand banditisme, pour ce dernier roman en date de Thierry Tuborg, qui délaisse ses terres rock de prédilection et se tourne vers une littérature éperdument noire rappelant les meilleures histoires de gangsters à la José Giovanni.

 

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Si le présent auteur n’a pas le passé criminel (ouf) de son sulfureux aîné, il remplace l’expérience par ce qu’on devine des heures de plongée en apnée dans les archives des aventures rocambolesques de Laurent Cocogne et livre un récit palpitant qui sonne juste de la véritable vie dudit Lorenzo.

Du 11 septembre 2001 (cette date n’est pas une blague) au printemps 2006, Laurent Cocogne (ce nom n’est pas non plus une blague) s’est illustré par ses faits d’arme en matière de cambriolages de banques et braquages de fourgons blindés. Passé de meneur du gang des mécanos (ils opéraient en bleus de travail) à celui de chef des souris vertes (dont il serait dommage de dévoiler ici l’origine de l’appellation), secondé de son beau-frère Serge Quemin, son ingéniosité à fomenter des coups méticuleux, sa détermination à ne voler que des institutions et jamais des particuliers, sa rage de ne pas vivre une existence rangée, sans parler de sa fin tragique l’ont fait entrer dans le panthéon des vauriens virils mais corrects.

Un ange, le Lolo ? Que Nenni. Mais Tuborg s’attache à dresser un portrait subtil de cet être finalement attachant avide de bonnes doses d’endorphine et porté par l’amour du travail bien fait autant que par l’appât du gain. Et il y parvient, sur le fond, par la description scrupuleuse des relations que le bandit entretient avec ses proches, comportant leur lot de drames. Avec son père, Dédé le Lyonnais, rangé des voitures mais dont il a hérité certaines valeurs. Avec sa demi-sœur, avec sa femme, avec sa fille… Autant de personnages hauts en couleurs dont il devra se séparer durant ses longues années de cavale.

Sur la forme, Tuborg réussit, par de nombreux dialogues et moult anecdotes savoureuses, ainsi que par une écriture précise, soulignée par un présent immersif, faisant naître des images très cinématographiques, à faire progresser le récit comme si on y était. Le découpage du texte en courts chapitres rappelle celui d’un scénario de film (Mission impossible n’a qu’à bien se tenir) et l’on se prend à rêver d’un réalisateur audacieux qui se pencherait sur cette œuvre et les hommes qu’elle met en scène. Dont la vie se lit comme un roman de Thierry Tuborg.

Marianne Peyronnet