Leo, un jeune boxeur orphelin, apprend qu’il a une tumeur au cerveau.

 

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Ce n’est que le début d’une longue, longue nuit qui va le mettre aux prises avec un flic ripou, une bande de yakuzas, ses féaux et ses traîtres, une impitoyable bande chinoise et, surtout, Monika, une jeune prostituée toxicomane victime d’à peu près tout le monde et dont, n’ayant plus rien à perdre, il va épouser la cause en vrai chevalier de Shinjuku…

En France et dans Télérama, quand on estime qu’un film en fait trop, il est généralement de bon ton de le comparer à une bande dessinée. Takashi Miike ne prendrait certainement pas la comparaison en mauvaise part. Cinéaste aussi prolifique que controversé pour l’extrême violence de ses films, on le sent doué d’une solide culture manga ou, du moins, d’une connivence assumée avec un art qui n’a jamais craint de mélanger les genres au point de pouvoir passer d’un registre à l’autre en moins d’une case. C’est le cas de ce « premier amour » dont le titre romantique ne laisse guère présager d’une hystérie qui, par moments, confine au meilleur Tex Avery. Il suffit parfois d’un plan pour que le polar sombre et réaliste laisse soudain place au burlesque à grands renforts de grimaces et de  hurlements, tout comme dans les mangas, le beau visage androgyne du héros se change tout à coup en masque grotesque sous le coup de l’émotion. Adepte de la décapitation festive et du jet d’hémoglobine entre amis, Takashi Miike s’autorise donc toutes les outrances et toutes les embardées, au point même, en point d’orgue d’une bataille épique entre les rayons bien garnis d’un magasin de bricolage, de sortir carrément du film en une séquence de dessin animé parfaitement pop, digne de Sgt Pepper ou de Pravda la survireuse. Saupoudrées à bon escient, ces fantaisies donnent au film un air de liberté foutraque qui, chez tout autre, pourrait assez facilement le faire partir en vrille. Ici, elles se contentent en réalité d’exagérer les péripéties idéalement enchaînées d’un scénario beaucoup plus solide et classique qu’il en a l’air, comme une façon réjouie de se faire plaisir au passage, en somme, et de doubler la mise en vrai risque-tout de l’impur.

Yann Fastier