Pour avoir tué accidentellement l’un des fils Boyd, le jeune Tot Lohman est impitoyablement poursuivi par le clan à travers le Texas et le Nouveau Mexique.

 

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Son petit talent de tireur d’élite ne le laisse cependant pas sans ressources.

Un western, un vrai, donc, classique en son argument et pourtant beaucoup moins qu’il n’y paraît. Loin, en effet, de l’aventurier viril et droit dans ses bottes qui prévaut le plus souvent dans le genre, le héros, aussi pugnace et dur au mal soit-il, n’en est pas moins fragilisé par le doute et une tendance à l’introspection qui font de lui une sorte d’astre noir (« Il est trop jeune pour avoir cette ombre sur le visage » dit la fille de l’éleveur qui l’emploie), propre à agréger autour de lui toute sorte de personnages, aussi fous les uns que les autres mais tous désireux de l’aider.

Autre originalité dans un genre peu ou prou tributaire de la linéarité du feuilleton, le roman varie les points de vue. Si la plus grande partie du récit est prise en charge par le héros lui-même (il tient une sorte de journal, avec une sincérité et une simplicité de moyens parfaitement restituées), les témoignages épistolaires de Henry Restow et d’Amos Bradley, ses protecteurs, dégagent des perspectives plus vastes, jusqu’à donner au jeune homme, au cours d’un final surprenant, une dimension christique inattendue.

Resté pour ainsi dire unique dans la carrière besogneuse d’un auteur oublié jusque dans son propre pays, La fureur des hommes n’était plus connu que par l’adaptation qu’en fit Henry Hathaway en 1958. Il n’en est que plus heureux de le voir rééditer dans la collection « L’ouest, le vrai » dirigée d’une main sûre par Bertrand Tavernier. Comme il ne manque pas d’une réjouissante ironie, la vogue du nature writing aidant, de voir nos esthètes se pâmer sur le western quand ils se pinçaient le nez au temps béni d’une fameuse – mais populaire – collection du Masque.  

Yann Fastier