Une jeune femme, plongeuse dans un restaurant à Paris, fait un malaise.
A son réveil, elle ne se rappelle plus son nom. Son accent prononcé semble indiquer qu’elle est irlandaise. Personne dans son entourage ne lui donne d’indice sur son identité, ni Ségo sa patronne, ni Daniel avec qui elle sort. Un jour, au sortir d’une boulangerie, elle croit reconnaître un ancien amant. Commence un jeu de piste à la recherche de son passé.
Curieux roman que celui-là. On découvre qui est Eva à mesure que les souvenirs lui reviennent. Sans angoisse au début. Eva est belle, allumée. Elle est décalée partout et l’auteur s’attache, dans un premier temps, à montrer sa folie douce et joyeuse. Puis les révélations se font plus douloureuses et font remonter la mémoire d’une vie d’errance, les traces d’une personnalité fragile que les coups durs n’ont pas épargnée.
Dans le même temps, le lecteur s’interroge. Pourquoi Ségo et Daniel lui cachent-ils ce qu’ils savent de son parcours ? Désirent-ils la protéger d’elle-même, lui épargner la souffrance d’avoir à revivre des événements qui l’avaient conduite au bord du gouffre ? Ou ont-ils des choses à cacher ?
Les réponses ne seront finalement que partiellement données. Alors demeure, en fin de lecture, un sentiment d’étrangeté, d’inachevé. Comme si l’on avait fait la rencontre d’une amie potentielle, qu’on ait commencé à s’attacher et qu’elle ait disparu de notre existence aussi vite qu’elle y était entrée. Nous laissant avec nos doutes.
La vie est un labyrinthe. Les intersections que nous croisons nous offrent une multitude de chemins possibles qui nous font rencontrer une infinité de personnes différentes, nous mènent sur des voies de garage ou nous font gagner la sortie. Hasard ou choix ? Il nous faut accepter l’absurde et parfois, comme à la lecture de ce texte, prendre plaisir à se perdre.
Marianne Peyronnet