Petit rappel des faits :

 

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mai 1967, l’Egypte de Nasser, en accord avec la Jordanie et la Syrie, masse des troupes le long de la frontière avec Israël et bloque l’accès au détroit de Tiran, dont dépend une grande partie des approvisionnements israéliens. Considérant  - non sans raison - l’affaire comme un casus belli, Israël lance une attaque préventive. A sa grande surprise, l’armée égyptienne s’effondre en quelques heures, laissant démunis ses alliés jordaniens puis syriens. En moins de six jours, avant que les grandes puissances ne sifflent la fin de la partie, Israël a non seulement infligé une défaite cuisante à ses principaux adversaires dans la région, mais il a plus que doublé son territoire en annexant le Sinaï et la bande de Gaza, Jérusalem-Est et le plateau du Golan (les fameux « Territoires occupés » dont une partie sera rétrocédée plus tard). En Israël, cette victoire sans appel est aussitôt célébrée comme il se doit et les combattants accueillis en héros. Pourtant, la guerre n’est pas sans laisser un goût amer à certains : quelques jours après la fin de la guerre, de jeunes kibboutzim – dont l’écrivain Amos Oz - se réunissent pour échanger sur leur ressenti en vue de la publication d’un ouvrage collectif. Celui-ci ne verra cependant jamais le jour, l’armée ayant censuré l’enregistrement des conversations. Ce sont donc ces bandes inédites que ce film donne à entendre 50 ans plus tard, accompagnées de nombreuses images d’archive. On y entend essentiellement ces jeunes gens dire leurs doutes, la peur omniprésente et leur surprise devant le peu de résistance des Egyptiens. Certains n’hésitent pas à dénoncer ce qui s’apparente à des crimes de guerres (exécution de prisonniers, notamment). Cependant, si la plupart ne contestent pas la légitimité « défensive » de la guerre dans le Sinaï, face à des soldats, certains font état de leur malaise quand il s’est agi de s’en prendre à des civils. A Jérusalem-Est, l’armée israélienne se comporte en armée d’occupation, multipliant contrôles et vexations à l’égard de la population arabe. Pour avoir connu, directement parfois, les exactions nazies, nombre de ces jeunes gens ne sont pas prêts à assumer ce rôle et le disent avec une louable franchise. Alors qu’une bonne partie des Territoires occupés le restent à l’heure actuelle, les choses ont-elles beaucoup changé ? Certes, il est encore un peu tôt dans la journée pour prétendre régler le conflit israélo-arabe. Nous abstenant donc de porter un quelconque jugement, on se contentera de répercuter la question de l’un de ces jeunes soldats au spectacle désolant de cette armée de va-nu-pieds presque morts de soif qui, la plupart du temps, se rendaient sans combattre : que se serait-il passé pour eux et pour la population si Israël avait perdu la guerre ?

Yann Fastier