Employé dans un garage lillois, Joseph est chargé de ramener une voiture chez son propriétaire, dans le sud de la France.

 

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Philippe, un ami, l’accompagne. Mais une paire de trublions se met en tête de taper l’incruste et le voyage qui s’annonçait pépère prend des détours imprévus.

Co-écrit et largement improvisé par un quatuor d’acteurs en roue libre (Patrick Bouchitey, Bernard Crombey, Etienne Chicot et Xavier Saint-Macary) ce film de 1976 n’a pas pris une rayure sur le capot, au contraire de bon nombre de pantalonnades à pattes d’éph’ de ces années Giscard. Peut-être cela tient-il à la vérité des acteurs, qui s’inspirent largement de leur propre expérience pour composer leur rôle. Peut-être cela tient-il surtout à la simplicité du dispositif : mettez quatre garçons dans une Chevrolet, le résultat risque bien d’être le même, quelle que soit l’époque. L’espace restreint de l’habitacle, le temps qui file au gré des kilomètres sont aussi propices aux confidences qu’aux plus énormes déconnades. Que l’on remonte un peu les vitres et le road-movie se change vite en huis-clos et les sales gosses en enfants perdus. Sous la grosse rigolade, l’émotion finit par poindre, cette émotion, ce tremblement de l’humain dont Alain Cavalier n’aura cessé de faire le cœur de son travail. Moins aride, plus « grand public » peut-être, que beaucoup de ses autres films, Le plein de super n’en garde pas moins toute sa force et reste une source d’inspiration pour nombre de jeunes cinéastes, en témoigne le récent Avant la fin de l’été, de Maryam Goormaghtigh, qui voit trois trentenaires iraniens traverser une bonne partie de la France en conversant sur le même ton.

Yann Fastier