Belladonna est une cochonne très intelligente.
Sur la route de l’abattoir, elle a entrevu l’issue du voyage. Elle s’est cachée, a repoussé « la Mort, avec ses deux pieds chaussés de bottes et ses deux mains, l’une tenant une corde, l’autre un bâton », et s’est enfuie. Belladonna poursuit un but : aller danser. Mais danser seule, ce n’est pas drôle. En chemin, elle rencontre un chien, un lapin, un ours, un loup, un renard, qu’elle convainc de l’accompagner. Rapidement, Belladonna se montre très autoritaire et édicte des règles intenables pour les membres de sa troupe, comme « ne pas tuer pour manger ». Facile, pour un cochon ou un lapin. Impossible pour un loup. Belladonna pourrait bien vite se retrouver transformée en côtelettes… Road movie bestial, fable jubilatoire, conte philosophique, Manger ou être mangé est un court roman plus profond que sa forme ne le laisserait penser. Non sans évoquer Les fables de La Fontaine, ou La ferme des animaux d’Orwell, la politique s’invite au gré des (més)alliances, des calculs, des plans que fomente successivement chacun des camarades, dans le but de prendre le pouvoir sur le groupe ou simplement survivre. Toute ressemblance avec les humains ne saurait être que pure coïncidence.
Marianne Peyronnet