En 1959, le réalisateur italien Mario Monicelli revisite le thème de la 1ère guerre mondiale sur le mode de la comédie italienne. Ce sera, « La Grande Guerra ».

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Quatre scénaristes de génie dont Luciano Vincenzoni, auteur du film de Sergio Léone « Le Bon, la Brute et le Truand », ont œuvré pour écrire ce chef d’œuvre sur le premier conflit mondial du 20ème siècle. Réalisé au moment où la comédie italienne vit son âge d’or, cette tragi-comédie, s’imposera comme une critique acerbe de la guerre et de l’idéologie qu’elle véhicule.

Anarchiste revendiqué, Busacca Giovanni (Vittorio Gassman) en impose par sa haine farouche de la guerre et des militaires. Grand lecteur de Bakounine, il ne s’en retrouve pas moins enrôlé de force après une tentative de corruption d’un fonctionnaire (Alberto Sordi), ce dernier s’étant fait une spécialité d’extorquer de l’argent aux futures recrues de l’armée. Cela ne lui portera guère chance car il se retrouvera bientôt, lui aussi, enrôlé dans la même compagnie que Giovanni. Entre l’escroc et le corrupteur va se développer peu à peu une étrange amitié cimentée par leur rêve commun de désertion.

L’essentiel du film se déroule dans les tranchées sur le front italo-autrichien et nous suivons avec une tendresse grandissante les escapades de nos deux acolytes devenus soldats. Considérés comme les moins « actifs », ils sont souvent coursiers, occasions souvent désespérées pour esquiver les combats. A ceux qui les critiquent, Giovanni aura cette sentence édifiante et sans appel : « S’il n’y avait que des types bien pour défendre la patrie, alors il n’y aurait plus de patrie ». L’humour noir propre à la comédie italienne imprègne tout le film permettant pourtant de développer l’humanité des personnages. La musique joue aussi ici un rôle essentiel à l’instar des westerns spaghetti. Ainsi, jouant sur les contrastes musicaux, le film oppose les moments féminins, sublimés par la musique de Nino Rota, aux scènes de guerre ponctuées uniquement par les explosions d’obus et les marches militaires. Alors que dire de plus sur nos deux trublions, sinon qu’ils achèveront paradoxalement leurs carrières en héros grâce à un tour ironique joué par le destin ! Et Mario Monicelli soldera définitivement sa comédie en clôturant le film sur la vision d’un impressionnant champ de ruines, renforçant plus que jamais l’idée de l’absurdité de la guerre.

Cécile Corsi