Dès les premières notes de guitare qui ouvrent ce nouvel album de Thiéfaine
sur le titre « En remontant le fleuve », on sent bien que ça ne va pas être la grande partie de rigolade mais en même temps avec Thiéfaine ça l’est rarement ! Hubert-Félix Thiéfaine fait figure d’extraterrestre dans le monde de la chanson française ; il faut dire que son écriture, ni gaie, ni légère est d’une grande qualité, littéraire, philosophique, alors forcément quand on voit aujourd’hui combien certains textes dans le panorama français sont navrants, là forcément c’est du lourd. Le 1er extrait de l’album « Angélus » sonne très rock, un peu comme les anciens morceaux du maître des mots, et le texte presque blasphématoire est une lettre ouverte à l’église catholique. Ambiance… « Médiocratie » parle des réseaux sociaux et de leur « médiacrité ». Un texte qui tape là où ça fait mal sur le miroir aux alouettes qu’est internet. « Ca manque un peu de verbe aimer » les réseaux sociaux, effectivement. « Amour désaffecté » à la composition pop racontant la fin d’un amour mais qui bizarrement ne sonne pas triste grâce aux arrangements. Même s’il va mieux, Thiéfaine reste Thiéfaine, écrit toujours à fleur de peau. Ici c’est un peu plus direct que sur les anciens albums, disons plus abordable au niveau des mots choisis, sans avoir nécessairement besoin d’un dictionnaire à ses côtés pour écouter l’album. Un album plus pop où les compositions rendent les textes un peu moins sombres, où l’on ressent que l’artiste s’est délivré de ses chaînes et certains de ses démons mais bon, à ne pas écouter non plus les jours trop longs de grisaille…
Katia Royère de Bastiani