1941. Roosevelt s’impatiente.

 

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Il aimerait que les USA s’engagent aux côtés de leurs alliés européens pour stopper la barbarie nazie. Pour cela, il a besoin de l’adhésion de ses concitoyens. Mais ces derniers sont plus prompts à prêter l’oreille aux discours isolationnistes de America First, groupuscule complotiste en passe de devenir une vraie force politique, qu’à croire aux histoires alarmistes au sujet du IIIème Reich. Pour convaincre la population de l’urgence d’entrer en guerre, quoi de mieux qu’un bon film ? Le cinéma est une arme de propagande massive. L’industrie du cinéma est florissante, touche des milliers de personnes. Hollywood règne. Les démocrates réussissent à persuader le producteur d’une petite firme indépendante de se lancer dans l’aventure. Le film sera porté par Errol Flynn dans le rôle à contre emploi d’un ennemi de l’intérieur, nazillon antisémite pastiche d’un Lindberg, et sublimé par la présence de la star Lana Lass, dite Lala, superbe blonde adulée des foules. Mais voilà, quelqu’un fait chanter la belle, aurait d’elle des photos compromettantes en compagnie d’une femme. La réputation de Lala doit être sauvée, en même temps que celle du film. Vicky Mallone, détective, est engagée, suivie de près par Arkel, agent du FIB.

Merveille parodique de roman noir, hommage réussi aux maîtres du genre, Chandler en tête, Hollywood s’en va en guerre plante d’entrée le décor. Les plans se succèdent, s’imbriquent comme sous l’égide d’un des meilleurs metteurs en scène de l’âge d’or du cinéma dans ce film-livre qui tient jusqu’au bout sa promesse d’un suspense tenace. Malgré les couleurs flamboyantes des toilettes des actrices, malgré le rouge des lèvres et des blessures par balles, le noir et blanc domine, les jeux d’ombre et de lumière mettent en valeur les visages comme dans un film des années 40.

Los Angeles est arpenté de nuit dans de splendides Buick qui manquent plonger dans le ravin longeant Mulholland Drive. Les femmes portent des escarpins et des jupes serrées, les hommes des costumes et des flingues…. Barde-Cabuçon force les clichés, s’en empare, s’en amuse, s’en sert. Les éléments historiques véridiques, les anecdotes multiples concernant des acteurs célèbres, les scandales réels en Unes des tabloïds, distillés savamment, se mêlant à la perfection à ses personnages, inventions crédibles, nous ravissent.

Et surtout, Vic Mallone, portrait craché d’un Bogart en bas de soie nous régale. Vic a tout du détective hard-boiled. Solitaire, alcoolique, acerbe. Avec une chose en plus, c’est une femme, lesbienne de surcroit. Avec elle, pied de nez aux ligues de vertu de l’époque, à la pudibonderie des chrétiens hypocrites, l’auteur nous fait entrer dans les clubs interlopes, interdits même aux hommes, et détruit, au gré des innombrables rebondissements de l’enquête, les clichés en même temps que les tabous.

Marianne Peyronnet