Tandis que le gouvernement vient de décréter le confinement obligatoire suite à l’épidémie de Covid, Bambi se retrouve dans de beaux draps.
Enfin plus exactement, il se voit virer des beaux draps de Mide, son amoureuse qui l’hébergeait, car celle-ci est tombée sur une malencontreuse conversation téléphonique prouvant l’infidélité de son amant. N’ayant nulle part où se réfugier, Bambi se rend chez son oncle récemment décédé. La maison est censée être vide. Que nenni. La jeune épouse de son tonton est belle et bien là. De même qu’un nourrisson. De même que la maîtresse du défunt avec laquelle Bambi a lui-même eu une aventure. Les deux femmes prétendent être la mère du bambin.
Dépaysement garanti avec ce court texte d’une autrice nigériane qui livre ici son deuxième roman, après le succès de Ma sœur, serial killeuse. Au cours de ce huis clos savoureux, la tension monte entre les prétendues génitrices et Bambi se retrouve dans la position inconfortable de médiateur, alors qu’il cherche à comprendre laquelle des deux dit la vérité. Dans l’intérêt de l’enfant, devenu une sorte de Roi Salomon rendant la justice, égaré au milieu d’un conflit qui semble pouvoir dégénérer à tout moment, le voilà obligé de prendre parti. Les harpies s’avèrent capables des pires coups bas. Les insultes fusent. Les cris ne s’arrêtent plus. Des phénomènes inexpliqués, aussi étranges qu’inquiétants, se multiplient. Bambi ne sait plus où donner de la tête.
Servi par des dialogues explosifs comme autant de bombes lâchées sur les protagonistes, L’une ou l’autre ne se départ pas d’un humour féroce, et on poursuit la lecture un sourire aux lèvres, pressé de savoir comment Bambi va se sortir de ce cloaque. Pour une fois qu’il tombe sur plus roublard que lui.
Marianne Peyronnet