Il s’agit d’une maison basse au bord d’un lac.
Toute en bois, elle est adossée à une forêt de pins, et la clairière où elle repose vient mourir dans les eaux du lac. Émeraude les eaux comme les yeux de sa mère, morte noyée dans un courant de ressac lorsque Gabriela avait douze ans. Son père avait promis de l’emmener voir cette maison de conte de fées, mais son père se noya dans l’alcool après la mort de sa femme et disparut un beau jour, voilà plus de vingt ans. Alors Gabriela, qui pendant des années s’est construite une armure autour de l’absence et du manque, mère à son tour, contacte Céline, pour lui demander d’enquêter.
Céline Watkins a soixante-huit ans, les quatre paquets de cigarettes par jour qu’elle a fumé toute sa vie lui ont laissé un emphysème retors, elle a enterré ses deux sœurs dans l’année et n’a désormais plus de famille. Céline est fatiguée, elle ne se sent plus capable de faire ce qui a toujours été une passion pour elle, et le métier dans lequel elle excelle : la recherche de personnes disparues.
Mais très vite la disparition du père de Gabriela, reporter photographe reconnu, va receler suffisamment de mystères pour que l’envie irrépressible d’enquêter revienne et lui fasse quitter New York, avec son compagnon Pete, un architecte du silence dont les soupirs semblent toujours éloquents, et récupérer le camping-car de son fils pour se lancer dans un périple à travers l’ouest des États-Unis.
Le couple se sortira des pires situations, grâce aux talents inexpliqués de Céline, dont tout un pan de vie reste enveloppé de mystère, même pour son compagnon. Pour Céline la mort n’est pas si loin, et les implications de l’enquête résonnent avec ses souvenirs. Se déroulent les histoires de sa vie et celles de sa famille, les drames qui l’ont jalonnée, pendant que lentement la vérité s’installe et fait son nid, douillet comme une petite maison au bord d’un lac.
Inspiré par la mère de Peter Heller, on ne sait pas jusqu’à quel point, le personnage de Céline, attachant et cerné avec tendresse, traverse ce récit surprenant sillonné par la beauté des paysages américains, comme dans un vieux western.
Lionel Bussière
