Recueillies par leur tante et son mari après la mort de leurs parents, Penny et Baby sont deux petites filles de la bonne société italienne du début des années 40.

 

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La guerre fait rage, le fascisme perd ses dernières plumes mais les fillettes ne se rendent compte de rien. Confite en admiration pour le Duce et pénétrée d’une foi simple, Penny vit dans un univers parallèle avec les autres enfants du domaine, un univers tout de petits bonheurs et de grandes préoccupations, la principale étant de voir son oncle, adoré et redouté à la fois, privé de paradis parce que juif. Elle ne sait pas très bien ce que c’est mais l’Histoire se chargera de le lui apprendre.

Publié en 1961 par une jeune cinéaste qui venait tout juste de cofonder le Free Cinema anglais, Le Ciel tombe transpose la jeunesse de Lorenza Mazzetti et de sa sœur jumelle dans la grande villa italienne de leur oncle, cousin d’Albert Einstein, dont la famille sera massacrée par les SS en déroute et qui, lui-même, se suicidera un an plus tard. Cruellement épargnée par les assassins du seul fait de son nom, l’adolescente – Lorenza Mazzetti est née en 1927 – aura le plus grand mal à surmonter ce traumatisme et l’on peut supposer que l’écriture de ce premier roman aura joué pour elle un rôle cathartique. Nouvelle et tendrement horripilante Sophie, Penny évolue dans un univers à la Comtesse de Ségur où la candeur tient lieu de bouclier face aux menaces. La drôlerie même des réflexions enfantines tient à distance une inquiétude qui ne fait que croître à la lecture, de plus en plus malaisée face à l’horreur que les petites filles prendront, elles, de plein fouet, quand on voudrait pouvoir les mettre à l’abri. Nombreux sont les romans qui font parler des enfants. Plus rares sont ceux dont Henri Michaux aura dit quoi que ce soit. Il qualifia un jour celui-ci de « petit livre féroce ». On ne saurait mieux dire.

Yann Fastier