Dans son village du New Jersey, New Egypt, la jeune Philomena Drax vit avec sa mère, couturière et veuve qui peine à joindre les deux bouts.
Lorsqu’elles reçoivent une lettre du riche grand-père de Philo les appelant à l’aide, c’est toute leur existence qui s’en trouve bouleversée. Tombé aux mains des Slape, un trio sans scrupule, devenu infirme suite à un accident, le vieillard craint d’être assassiné et dépouillé de ses biens. Philo part à sa rescousse mais ne parvient pas à éviter le meurtre de son aïeul, dont elle se voit accusée. Débute alors pour elle une course éperdue pour sauver son honneur et son héritage.
Conçu tel un roman-feuilleton du XIXème, dont le récit démarre d’ailleurs dans les années 1870, avec ses courts chapitres et ses multiples rebondissements, Katie déroule sur plus de 450 pages un récit digne de Dickens dans lequel le lecteur se retrouve happé jusqu’au dénouement. Passages fantastiques et horrifiques se succèdent, créant une atmosphère énigmatique contrebalancée par les détails naturalistes qui précisent la dégringolade sociale de l’héroïne. Les coups de théâtre, innombrables, de plus en plus macabres, se savourent avec le même enthousiasme que McDowell semble avoir eu à les écrire. Car tout n’est que plaisir dans Katie. Plaisir de se délecter des déboires de Philo quand on devine que son aventure se terminera bien parce que les méchants seront punis. Plaisir de se laisser volontairement berner par une intrigue tarabiscotée et néanmoins crédible, pour peu qu’on en accepte les règles. Plaisir d’une lecture distrayante, impeccablement construite, hommage au roman populaire. Philo est la jeune, belle, douce héroïne un peu naïve, dont la bonté triomphe avec la récompense d’un mariage d’amour et de fortune. Katie, la fille Slape, est son contraire. Calculatrice, sanguinaire, usant du marteau et de ses dons divinatoires qui s’enrichir malhonnêtement, elle est celle, vicieuse, qu’on adore détester et qui mérite bien de ce fait de donner son titre au roman.
Marianne Peyronnet