Samedi, août, canicule. Je viens de passer une heure à lire un livre d’Olga Tokarczuk, dans la neige des Sudètes.

 

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Peut-être n’est-il pas nécessaire de vanter les qualités d’écriture de ses romans, puisque le jury du Nobel de littérature l’a très bien fait en 2018.

On n’est pas obligé de parler. Après avoir posé le livre, avoir passé un moment avec ses personnages, on se dit que ce serait bien de la rencontrer, mais par hasard, dans un endroit chaud et accueillant une nuit d’hiver, à la faveur d’un étrange concours de circonstances, parce qu’il y a beaucoup d’humanité dans ses livres, et que finalement, on ne s’était pas rendu compte avant que le seul moyen d’accéder à cette humanité, c’était justement de laisser de côté tout ce qu’il y avait d’humain en nous pour accepter de nouveau cette animalité diffuse qui – comme un miracle – permet de se réinsérer dans un tout.

Sur les ossements des morts se passe dans un petit hameau perdu au cœur des Sudètes, une région montagneuse de l’actuelle Tchéquie. Y vit une ingénieure à la retraite, Janina, passionnée par la nature, l’astrologie et l’œuvre de William Blake.

Un jour, Janina trouve son voisin mort, étouffé par un petit os, et c’est le début d’une série de crimes mystérieux où les victimes, tous chasseurs, meurent entourées de traces de bêtes.

La police enquête, Janina aussi, et peu à peu s’échafaude une théorie folle de vengeance animale dont les faits renforcent toujours plus la véracité et plongent les autorités dans la stupeur.

Le Hameau, au milieu des bois, sous la menace, se gorge de vie et d’inquiétude. Toute la nature autour devient un personnage capricieux et fantasque, soudain plus dangereux encore. Et les étoiles délivrent des messages, tracent des pistes signifiantes. De force, la magie s’invite et opère, gagne les plus obtus. La poésie n’est plus loin.

Lionel Bussière