Petrov est mécano et dessinateur amateur de bande dessinée.

 

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Son ex-femme, Petrova, est bibliothécaire, accessoirement tueuse en série et leur fils, Petrov junior, éventuellement écolier à Ekaterinboug, dans l’Oural. Tous trois, tour à tour, ont la grippe. Jusque-là, rien que d’ordinaire, pourrait-on dire, si cet ordinaire ne s’en trouvait contaminé jusqu’à former, au gré des déambulations des uns et des autres, un véritable maelstrom où la réalité elle-même en vient à perdre le nord et à s’avouer vaincue. C’est ainsi que Petrov, dès les premières pages et sans l’avoir vraiment voulu, se retrouve à se soûler dans un corbillard en service en compagnie de son ami Igor dont – tout comme Dieu – on ne saura jamais très bien s’il existe ou s’il relève du très riche imaginaire de Petrov lui-même. Le reste est à l’avenant, dans cet inénarrable décentrement de toute chose, qui rend vaine toute tentative de résumer un livre étonnant, inclassable, sinon à rappeler le vieux Gogol, seul capable de tirer un portrait aussi tranquillement déjanté de la société provinciale russe et, au-delà, de toute l’humanité (étant scientifiquement et définitivement prouvé que rien sur cette terre ne saurait être plus humain qu’un Russe.)

Paru en épisodes dans une revue littéraire, repéré tel un OVNI pétaradant dans le ciel bas des lettres post-soviétiques, Les Petrov, la grippe, etc. est le premier roman d’un inconnu, ex-mécano lui-même et beaucoup d’autres choses, fort d’une riche expérience transversale dont il aura tiré une bonne part de son matériau, avec le cynisme tranquille et l’humour pince-sans-rire des grands désespérés. Drôle de bout en bout, ce roman n’a pourtant rien d’humoristique, comme il n’a rien de romanesque, ne cessant de se dérober au lecteur jusqu’au dernier chapitre où, trahissant un souvenir d’enfance cher entre tous, il met un point final au grincement qui, en d’autres occasions, avait pu passer pour un rire.

Yann Fastier