Desmund Sasse sort de prison. Il s’est tenu à carreau le temps de purger sa peine et il est bien décidé à continuer à faire profil bas.
Mais voilà, à Morclose, cette petite ville où il a grandi, les pépins lui collent aux basques comme s’il était leur ami. A peine dehors, il est accusé de complicité de meurtre sur la personne de Léo Cap, un conseiller régional qu’on vient de suriner. Tout ça parce que l’assassin présumé, un certain Richard, lui a envoyé de mystérieux messages sur son portable. Desmund est bien obligé de s’en mêler.
« Tous pourris », tel pourrait être le sous-titre du deuxième roman de Danü Danquigny. Gros durs véloces à distribuer des baffes, tenanciers de boîte de nuit sordide dissimulant des trafics en tous genres, filles et fric, sans oublier politicards véreux, flics corrompus, la brochette d’ordures qui se dresse sur sa route a de quoi ranimer les ardeurs belliqueuses de l’ancien clown désabusé. L’amour de ses semblables n’est pas vraiment sa came, à Des, mais l’injustice le débecte et il déteste que les méchants s’en sortent. L’anar se débat, dans les ruelles de cette cité triste. Des manifestants sont chargés par des CRS, gazés en toute impunité. Le virus sert de prétexte pour isoler les derniers fêtards. Le nouveau monde ferait presque regretter l’ancien. A la fin, on s’en serait douté, la morale n’est pas sauve. Ce sont toujours les petits qui trinquent tandis que les nantis sabrent le champagne. Le justicier devra rechausser les gants, plus tard, s’il en a encore envie.
Changement de registre assumé, Peter Punk n’a pas grand-chose en commun avec Les aigles endormis, dans lequel Danü Danquigny nous dressait le portrait d’une Albanie post-dictature pas vraiment joyeuse. Ici, l’immersion dans le réel sert de toile de fond à une aventure plus déjantée, plus légère, où son Peter Punk, s’il est crédible, remplit la fonction du héros qui nous venge. Il n’en demeure pas moins que les deux romans partagent, au final, une certaine vision de l’existence, désenchantée.
Marianne Peyronnet