The Last Hillbilly est un film coup de poing.

 

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D’une beauté sombre à la hauteur des paysages des Appalaches, il dresse le portrait d’une famille enracinée au cœur de ses montagnes depuis des générations et, à travers elle, de tout un peuple oublié par le reste du monde.

Le film est découpé en plusieurs chapitres pour évoquer tout à la fois cette famille représentée par la figure paternelle de Bryan Ritchie et la nature sauvage du Kentucky qui dompte désormais les hommes après avoir été si longtemps pillée par eux. La région a vécu, en effet, sur plusieurs générations, grâce au travail de la mine de charbon. Les filons sont épuisés depuis longtemps. Restent sur le carreau des hommes, grossièrement appelés « hillbillies ». Bryan Ritchie en donnera sa définition : « un blanc sans éducation pauvre, violent, raciste, consanguin…. ». Dans l’imaginaire collectif il est affublé de la salopette et comme dira le héros « tout cela est vrai ». C’est lui le descendant des premiers colons, ceux qui ont chassé les indiens de leurs terres pour y prospérer et se retrouver un siècle plus tard aussi démunis et oubliés que leurs premières victimes. Triste retour de manivelle. Le dernier chapitre fait la part belle aux enfants, les nouveaux descendants, petites choses livrées à elles-mêmes qui s’ennuient ferme dans ces montagnes peuplées de coyotes et qui rêvent de Nintendo et de smartphones. Sans pathos ni jugement de valeur, le film est tout entier porté par la grâce d’un poète qui érige à lui seul la légende de son peuple. Son discours éclairé n’a de cesse de contredire notre vision stéréotypée de cette Amérique blanche et rurale. Il en découle une œuvre noire comme du charbon, sorte de cri jeté à la face du monde, frappée du sceau du désespoir, à mi-chemin entre drame et western et traversé par des chants appalachiens qui exaltent la richesse d’un héritage culturel dont la flamme n’en finit plus de vaciller.

Cécile Corsi