Billie Holiday est considérée comme l’une des plus grandes voix du jazz.

Elle fut aussi la 1^ère artiste à protester contre la ségrégation raciale, chantant « Strange fruit », ce texte déchirant qui dénonce les lynchages aux Etats-Unis et cela lui valut pas mal d’ennemis... En 1970, la journaliste Linda Lipnack Kuehl avait commencé une biographie de l’artiste en recueillant pas moins de 200 heures de témoignages, artistes de jazz, avocats, amis d’enfance, amants et même des agents du FBI qui l’avaient arrêtée. Le livre de Linda Lipnack Kuehl (décédée dans des circonstances troubles et jamais élucidées) n’a pu voir le jour et les bandes restées inédites jusqu’à aujourd’hui, vont servir de trame à ce documentaire. Grâce au travail colossal fait par la journaliste, James Erskine revient sur le destin incroyable de celle que l’on surnommait Lady Day. Par un montage qui entrecoupe des extraits vidéo de ses prestations scéniques et d’interviews radiophoniques tout en y mêlant les témoignages recueillis par Linda Lipnack Kuehl, il retrace le meilleur et le pire : le viol, la prostitution, la drogue, la prison et bien évidemment l’artiste de jazz extraordinaire qu’elle fut. Il nous fait rentrer dans l’univers à la fois fait de lumière et trop souvent de souffrances de cette femme exceptionnelle. Mais c’est aussi deux histoires croisées que raconte ce film : celles de l’icône et de la journaliste, 2 femmes aux destins tragiques. Un documentaire passionnant et bouleversant.

Katia Royère De Bastiani