Stéphane Zenner, chef de file des Vicaires, faction d’extrême-droite, attise la haine raciale et focalise la hargne des antisystème sur les réseaux sociaux.

 

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Quand un groupe de migrants, lors d’une distribution de repas à la Porte de la Chapelle, est terrassé par ce qui semble être une attaque chimique, que les victimes agonisent sous l’effet d’une substance toxique mystérieuse, Zenner et sa bande font des coupables désignés aux yeux des flics, dont Ravard, de la brigade antiterroriste.

Du 13 au 29 septembre 2018, Ravard mène l’enquête, dans un Paris interlope, poisseux, sombre, et néanmoins parfaitement identifiable. Lignes et stations de métro, arrondissements, rues, monuments défilent et invoquent des images connues, amplifiant le malaise, décuplant une impression de vérité quand il s’agit pour l’auteur de nous parler du pire. Les attentats de 2015 sont dans tous les esprits, la peur est partout, la parano guide les réflexes. L’étrange émerge dans cette réalité tangible, grâce à cette réalité même, lors d’une distorsion du temps, dans cette ville qu’on reconnaît mais où l’action se déroule dans un passé proche qui n’a pas eu lieu. Les flics sont largués, les pistes brouillées. D’autant qu’une deuxième investigation se dessine en parallèle, dans les pas de Cléo, étudiante, qui découvre un autre monde, teinté d’ésotérisme et de sciences qui ne se voudraient pas occultes.

Vrai et faux s’entrechoquent. Jambois expose véritables personnalités de la droite dure, thèses ayant posé les bases de la supposée supériorité de la race blanche et autres grands remplacements, tandis qu’il nie l’existence d’autres politiciens de renom dans son tableau. Sa réalité est d’autant plus terrifiante qu’elle nous rappelle la nôtre, et distille l’impression qu’on ne sait pas tout, que des horreurs se passent et que des malheurs nous attendent. Le malaise s’accentue au fil du récit. Actions et théories rivalisent de dégueulasserie. Des scènes hallucinantes se succèdent qui nous portent au bord de la nausée, et c’est notre propre modernité qu’on vomit.

Voyage dérangeant dans ce contexte anxiogène de période électorale, Mycélium explore nos angoisses profondes, presque insoupçonnées, comme s’il posait des mots sur nos pires craintes et par là-même les révélait. A moins qu’à l’instar de certains de ses personnages frappés du don de double vue, Fabrice Jambois ne soit capable de voir l’avenir, et d’avoir créé un Z. avant qu’il n’existe.

Marianne Peyronnet