L’apprentie est une maison d’édition qui a la particularité de permettre aux étudiants de Licence pro et de Master en édition de l’université de Bordeaux
de mettre les mains dans le cambouis et de s’associer autour d’un projet enthousiasmant : publier un livre (ou plusieurs) dans l’année en faisant revivre des textes oubliés du répertoire classique international. Figurent ainsi à leur catalogue des auteurs comme Stevenson, Maurice Leblanc ou Edith Warthon.
La dernière promotion en date s’est attaquée à Wells et propose ce recueil de quatre textes courts, dans une traduction inédite, permettant de découvrir une facette moins connue de l’auteur de La machine à explorer le temps. Les nouvelles présentes ici, confirmant son penchant pour le mystérieux et le fantastique, soulignent une aptitude à concentrer ses intrigues alliée à un humour indéniable, qu’on ne soupçonnait pas à la lecture de ses romans les plus célèbres.
« L’étoile » raconte l’apparition d’une planète près de Neptune qui s’approche de plus en plus dangereusement de la nôtre, jusqu’à menacer l’humanité d’une fin tragique, rapide et définitive.
« La chambre rouge », conte gothique, avec château isolé, toiles d’araignées, ombres menaçantes, et autres courants d’air froids à vous glacer le sang, revisite le thème de la maison hantée, avec force trouvailles pour plonger narrateur et lecteur dans le noir.
« L’homme qui pouvait accomplir des miracles » voit un homme très ordinaire être doté de pouvoirs qui le dépassent. George McWhirter Fotheringay se rend compte qu’il est capable de faire bouger des objets alors qu’il est justement en train d’expliquer l’impossibilité de la chose, entouré de comparses dans un pub. Les ennuis commencent…
Dans « L’œuf de cristal », Mr. Cave, antiquaire, est fasciné par un œuf de cristal dont il a fait l’acquisition. L’objet devient luminescent dans la pénombre et il est le seul à l’avoir découvert. Passant des heures à le contempler, il finit par refuser de s’en séparer, même contre une grosse somme d’argent.
Wells maintient le mystère jusqu’à la toute fin de ses quatre histoires, dont il faut attendre le dénouement pour comprendre les enjeux. Les personnages subissent plus qu’ils n’agissent, et leur créateur semble se plaire à les placer dans des situations sur lesquelles ils n’ont aucune prise, victimes qu’ils sont de forces obscures, d’êtres menaçants. Ils sont tout petits dans l’immensité de l’univers, ridicules toujours. Comme nous ?
Marianne Peyronnet