L’été de ses huit ans, Joey Proctor est envoyé en camp de vacances.
Il n’est pas très rassuré de quitter ses parents, d’autant qu’il est censé prendre des leçons de natation et l’eau le terrifie. Ses craintes sont justifiées en la personne d’Alex Mason, son moniteur, merdeux sûr de lui, qui s’est juré que tous ses élèves sauraient nager en fin de séjour. La veille du départ, Alex l’abandonne sur un radeau au milieu du lac, pensant qu’il finirait par rejoindre seul la rive, et l’oublie. Joey ne sera jamais retrouvé.
Vingt ans plus tard, Alex Mason a réussi sa vie. Promoteur immobilier à New York, il brasse des millions, a une belle femme, une belle maison et deux petites filles. Ses méthodes n’ont pas changé, il reste brutal envers ses adversaires, supporte mal qu’on lui résiste. Quand des incidents se multiplient, laissant à penser que quelqu’un désire lui nuire (du sang est versé dans sa piscine, on pénètre chez lui et on le filme dans son sommeil…), il ne repense pas tout de suite à Joey, puis finit par envisager que l’enfant a survécu et qu’il vient se venger.
Thriller classique dans sa forme, avec un suspense augmentant jusqu’à son apogée dans les dernières pages, l’intérêt de Noyade réside dans la personnalité du personnage principal. Insupportable, arrogant, menteur, Alex n’a rien de la pauvre victime pourchassée par un vilain détraqué. On n’éprouve que peu d’empathie pour cet homme qui est parvenu, sans états d’âme, à oublier cette mésaventure passée, ce gamin noyé par sa faute. Il a jusque-là mené son existence sans vraiment se soucier des autres, ni des pauvres qu’il fait expulser, business is business, ni de sa femme qu’il a trompée et blessée souvent. Alors, même si l’on se demande qui lui en veut, si Joey est vraiment revenu le hanter ou si c’est un concurrent qui désire lui faire la peau, on est plutôt heureux d’assister à sa chute, pressé de savoir comment il va périr, conscients dès le début que, comme ce roman sans prétentions démesurées, on l’oubliera vite.
Marianne Peyronnet